pendant tout ce tems, ayant le cœur outré
de toute l’impiété qu’elle avoit vue, se trouva
si fatiguée et si malade d’avoir été tant
baisée, qu’elle en mourut ; mais, avant que
de finir, ils lui dirent cruellement : Misérable
pécheresse, confesse-nous tes péchés, et après
meurs ; ce qu’elle fit se voyant à l’extrémité,
et même elle leur pardonna généreusement
tout le mal qu’ils lui avoient fait en leur
recommandant son mari et ses enfans fort
tendrement. Et ces pères, pour récompense,
lui donnèrent un grand nombre d’indulgences
pour toutes ses fautes ; et, comme elle
demeuroit un peu trop à mourir à leur gré,
ils l’achevèrent à coups de poignard, et l’enterrèrent
dans leur jardin dans un grand
trou qu’ils firent, qu’ils arrosèrent longtemps
d’eau bénite, et sur lequel ils firent
plusieurs signes de croix, et dirent un grand
nombre d’oraisons au prince des ténèbres.
Les funérailles de l’innocente affligée étant
finies, chacun se reposa, après avoir dit son
bréviaire et son chapelet.
Le mari qui cherchoit sa femme, étoit au désespoir, ne sachant ce qu’elle étoit devenue. Le pauvre homme fut mille fois au couvent des jésuites la demander ; mais ces pères lui répondirent qu’ils avoient payé très-bien les souliers qu’elle leur avoit apportés, et qu’ils ne l’avoient point vue depuis. Eh ! qu’est-ce ? Qu’est-elle donc devenue, mes pères, disoit cet époux déses-