Page:Les Jésuites de la maison professe de Paris en belle humeur, 1874.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
LES JÉSUITES


pendant tout ce tems, ayant le cœur outré de toute l’impiété qu’elle avoit vue, se trouva si fatiguée et si malade d’avoir été tant baisée, qu’elle en mourut ; mais, avant que de finir, ils lui dirent cruellement : Misérable pécheresse, confesse-nous tes péchés, et après meurs ; ce qu’elle fit se voyant à l’extrémité, et même elle leur pardonna généreusement tout le mal qu’ils lui avoient fait en leur recommandant son mari et ses enfans fort tendrement. Et ces pères, pour récompense, lui donnèrent un grand nombre d’indulgences pour toutes ses fautes ; et, comme elle demeuroit un peu trop à mourir à leur gré, ils l’achevèrent à coups de poignard, et l’enterrèrent dans leur jardin dans un grand trou qu’ils firent, qu’ils arrosèrent longtemps d’eau bénite, et sur lequel ils firent plusieurs signes de croix, et dirent un grand nombre d’oraisons au prince des ténèbres. Les funérailles de l’innocente affligée étant finies, chacun se reposa, après avoir dit son bréviaire et son chapelet.

Le mari qui cherchoit sa femme, étoit au désespoir, ne sachant ce qu’elle étoit devenue. Le pauvre homme fut mille fois au couvent des jésuites la demander ; mais ces pères lui répondirent qu’ils avoient payé très-bien les souliers qu’elle leur avoit apportés, et qu’ils ne l’avoient point vue depuis. Eh ! qu’est-ce ? Qu’est-elle donc devenue, mes pères, disoit cet époux déses-