gez pas, vous faites un péché énorme ; car
vous péchez contre le serment que vous avez
fait devant Dieu et les saints, à qui vous
avez promis de conserver votre chasteté toute
pure et sans tache. — Eh ! comment le savez-vous,
mademoiselle, dirent-ils en éclatant
de rire ; croyez-vous que la galanterie
des religieux soit un crime ? Non, cela
ne passe tout au plus que pour un saint
concubinage hors de coulpe ; nous ne sommes
pas si fous que d’engager notre liberté.
Allez, allez, fiez-vous à notre conduite, et
soyez persuadée que nous ne faisons point
un péché de nous divertir avec des femmes,
et nous croyons même faire une charité de
leur faire meilleure chère ; les lois de l’église
ne sont point faites pour nous. Confessez-nous
présentement la vérité ; n’est-il pas
vrai que votre mari ne vous… — Ah ! mes
pères, interrompit la cordonnière tristement,
ne vous souillez point l’imagination de pensées
si vilaines : je suis contente de mon ordinaire.
Fi ! fi ! vous devriez être honteux. —
Hélas ! ma pauvre enfant, reprirent ces religieux,
je crois qu’il est petit votre ordinaire ;
celui que nous vous ferons sera plus
grand, pourvu que vous vouliez nous donner
l’entrée de votre autel. — Ah ciel ! qui
voyez mes peines, s’écria cette femme en
pleurant, et voulant ouvrir la porte par
force, délivrez-moi des mains criminelles où
je suis.
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LES JÉSUITES