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EN BELLE HUMEUR


leur crioit toujours : Avançons, mes pères, avançons, que me voulez-vous dire ? — Ce que nous voulons vous dire, mademoiselle, est que votre mari, repondirent-ils en se passionnant, n’est qu’un sot, et qui ne mérite pas la possession d’une personne comme vous, de qui les charmes sont si puissans. — Que dites-vous là, mon père, repartit-elle avec mépris, voyant bien où ces douceurs tendoient ; mon mari est honnête homme, et le mérite plus que personne au monde. — Nous ferions mieux notre devoir que lui, mademoiselle, répliqua un des jésuites brusquement en riant, si vous voulez nous éprouver. — Votre devoir, mon père, reprit la cordonnière froidement, est de dire la messe, votre bréviaire et votre chapelet. — Nous le disons assez souvent, répondit le père César qui se trouvoit de la partie ; mais il nous faut quelque chose de plus pour réjouir la rate qui est mélancolique de tems en tems, et chasser la bile noire qui nous incommode, et rien n’est si souverain pour ces maux que la compagnie d’une agréable personne comme vous, qui dissipe seulement en la voyant tous les nuages qui environnent l’âme. — Mon père, interrompit cette femme, qui commençoit à se fâcher, ces douceurs ne vous siéent point ; des religieux comme vous doivent-ils concevoir des pensées si criminelles que de songer à corrompre des femmes ? Ah ciel ! vous n’y son-