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EN BELLE HUMEUR


j’enrage d’être cocu par force ! — Voilà une belle affaire, conclurent ces bons amis en lui frappant sur l’épaule ; on n’en est pas moins honnête pour se gratter un peu le front.

Laissons le pauvre cornard avec sa tête de cerf et retournons aux pères jésuites qui avoient ressenti la pesanteur de sa main, et qui avoient gardé la chambre quelques jours à réfléchir sur leurs péchés.

Mais quelle apparence de se confesser à un pécheur aussi grand que nous-même ? C’étoit le sort du père La Chaise, qui avoit pour rival, pour confesseur et pour ami le père Bobinet, qui étoit de toutes ses parties de plaisirs, à la réserve de quelques jeunes tendrons dont il ne vouloit point partager les faveurs avec lui. Le reste de ses maîtresses lui étoit commun, et ces saintes âmes se confessoient l’un à l’autre tous leurs crimes les plus énormes, espérant par ce moyen en diminuer la peine ; mais Dieu sait quelle absolution ils recevoient. Le père Ange confessoit ordinairement le père Bobinet ; mais, comme il n’avoit pas grande sympathie avec son humeur, il n’étoit point des plaisirs les plus délicats.

Cependant ce père qui ne paroissoit pas des plus galants, ne laissoit pas d’avoir un commerce fort tendre avec la plus belle fille qui ait jamais été au monde, à qui il servoit de père et de mari, parce qu’il la nouris-