Page:Les Jésuites de la maison professe de Paris en belle humeur, 1874.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
LES JÉSUITES


étoit jaloux jusqu’à la rage, leur donna mille coups sans les connoître parce qu’ils étoient déguisés en gardes du corps. Ces pauvres pères, après avoir été bien frottés, sautèrent par une fenêtre qui donnoit dans un jardin, appartenant à des religieux, et ils demeurèrent pendus à des barres de fer plus d’une heure sans s’en pouvoir débarrasser.

Le pauvre mari, offensé par la tête, voulut faire des plaintes au roi de ses gardes qui venoient baiser sa femme pendant qu’il n’y étoit point ; mais quelques-uns de ses amis le déconseillèrent, disant qu’on se railleroit de lui, et que ces sortes de choses devoient être étouffées pour son honneur. — Par la sambleu ! messieurs, répondit-il en fureur à ses amis, vous en parlez bien à votre aise ; est-il rien si sensible que d’être cocu ? Peste soit de la carogne, qui prête ce qui m’appartient si volontairement ; je t’attraperai bien, sotte, car je mettrai un cadenas bien fermé à ton, ton, ton, dont j’aurai la clef. — Ne vous emportez pas si fort, monsieur, repartirent ses amis en riant, c’est la mode du siècle. Il y a peu d’hommes d’honneur qui n’ayent sur la tête une aigrette que sa femme lui donne. — Allez au diable, messieurs, s’écria le mari fâché, avec vos aigrettes ; je n’en porterai jamais si je le peux. — C’est fort bien dit, monsieur, car vous en porterez peut-être malgré vous. — Ah ! ne me parlez pas de mon malheur, répliqua-t-il,