étoit jaloux jusqu’à la rage, leur donna mille
coups sans les connoître parce qu’ils étoient
déguisés en gardes du corps. Ces pauvres
pères, après avoir été bien frottés, sautèrent
par une fenêtre qui donnoit dans un jardin,
appartenant à des religieux, et ils demeurèrent
pendus à des barres de fer plus
d’une heure sans s’en pouvoir débarrasser.
Le pauvre mari, offensé par la tête, voulut faire des plaintes au roi de ses gardes qui venoient baiser sa femme pendant qu’il n’y étoit point ; mais quelques-uns de ses amis le déconseillèrent, disant qu’on se railleroit de lui, et que ces sortes de choses devoient être étouffées pour son honneur. — Par la sambleu ! messieurs, répondit-il en fureur à ses amis, vous en parlez bien à votre aise ; est-il rien si sensible que d’être cocu ? Peste soit de la carogne, qui prête ce qui m’appartient si volontairement ; je t’attraperai bien, sotte, car je mettrai un cadenas bien fermé à ton, ton, ton, dont j’aurai la clef. — Ne vous emportez pas si fort, monsieur, repartirent ses amis en riant, c’est la mode du siècle. Il y a peu d’hommes d’honneur qui n’ayent sur la tête une aigrette que sa femme lui donne. — Allez au diable, messieurs, s’écria le mari fâché, avec vos aigrettes ; je n’en porterai jamais si je le peux. — C’est fort bien dit, monsieur, car vous en porterez peut-être malgré vous. — Ah ! ne me parlez pas de mon malheur, répliqua-t-il,