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EN BELLE HUMEUR


faveurs, ils eurent beaucoup de peine à les y faire résoudre, et pour cet effet l’on envoya au point du jour chercher des bohémiennes qui demeuroient au faubourg Saint-Marceau, où elles avoient beaucoup de confiance, afin de leur dire leur bonne fortune.

Ces sorcières, étant venues au couvent et leur ayant regardé la main et le front, leur dirent qu’elles étoient menacées par leurs étoiles d’être aimées de religieux qui feroient leur fortune sur la terre et dans le ciel, pourvu qu’elles ne fussent point rebelles, et qu’elles se laissassent tout faire par ces saints hommes, qui ne faisoient rien que de juste. Ces magiciennes, étant grandes amies de la sainte société, enchantèrent si fortement ces pauvres filles, que leur grande facilité dégoûtoit si fort ces jésuites qu’ils regrettèrent leur premier bonheur, ne trouvant plus de plaisir dans un amour si apprivoisé et si familier. Enfin, les ayant renvoyées chez elles malgré leur volonté, l’on renvoya les bohémiennes que l’on contenta très-bien.

Les paysannes quelques mois après se trouvèrent grosses, ce qui ne chagrina pas beaucoup les bons religieux à qui elles le dirent en pleurant comme des enfans, et leur faisant mille caresses qu’ils recevoient fort bien. Tenez, leur dirent-ils, les pucelles, prenez cette poudre dans deux doigts de lait et vous ne verrez jamais rien. Ce qu’elles