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LES JÉSUITES


révérends pères jésuites, puisqu’ils étoient si honnêtes gens.

Quelques jours après, ces filles gaillardes, enjouées, ayant rempli leurs paniers de tout ce qu’elles avoient de meilleur, furent en troupe voir ces pères qui les reçurent agréablement, et, comme ils avoient persuadé au supérieur qu’il falloit que l’homme profitât des doux momens de la vie, ce bon religieux se rangea de leur côté, et prit tant de goût à caresser ces beautés innocentes, qu’il n’en mangeoit plus, ni n’en dormoit, comme font tous les amans. Enfin la liberté étant entière dans le couvent, l’on fit grand’chère à ces charmantes hôtesses. Le bon vin, toutes les liqueurs les plus délicieuses n’y furent point oubliés, ce qui les fit demeurer jusqu’au soir malgré elles. Quelques-unes ayant voulu s’en aller en disant que leurs pères et mères seroient en peine où elles seroient, les autres répondirent qu’elles diroient que de bons religieux les auroient retenues dans le dessein de leur pardonner leurs péchés. — C’est bien l’entendre, petit amour, répondirent-ils, demeurez avec nous, nous vous mettrons en paradis quelque jour avec la grâce de saint Ignace.

Les ombres de la nuit qui commençoient à paroître, inspirèrent beaucoup de liberté à ces bons pères qui étoient amoureux éperdument ; mais, comme ils n’avoient pas encore eu de leurs maîtresses les dernières