nombre de quatre ou cinq bons frères de la
même société, qui alloient souvent aux Madelonnettes
déguisés en filles, voir des femmes
qu’on y avoit mises pour leur méchante vie.
La plus ancienne des mères de St-Denis qui
est la supérieure dans ce couvent, et qui a
l’œil sur les pénitentes qui sont sous sa conduite,
se défia de quelque chose du côté de
ces religieuses qui étoient fort sensibles à
l’amour aussi bien que ces pensionnaires.
C’est pourquoi elle voulut un matin au sortir
de leur lit les voir toutes nues. Ces filles dévotes
qui connoissoient la défiance de cette
bonne femme, avoient fait lier à leurs galans
ce qui les faisoit connoître pour des
hommes avec un ruban par derrière, afin
que la vieille matrone ne trouvât rien quand
elle viendroit à les visiter.
La mère de Saint-Denis accompagnée des autres mères dolentes, ayant mis ses grandes lunettes à la mode d’Espagne sur son gros nez, et pris des ciseaux pour couper ce qu’elle rencontreroit qui ne seroit pas féminin, fit passer toutes les religieuses et toutes les pensionnaires en revue toutes nues devant elle, et les regarda de fort près. Le père De la Rue et quelques autres qui se trouvèrent du nombre, voyant tant d’aimables femmes dans cet état naturel, qui fait violence aux plus chastes, sentirent leurs doctrines qui se détachèrent et qui rejaillirent d’une telle force contre les lunettes de