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LES JÉSUITES


qui est l’instrument du plaisir est un agréable abîme où nous nous perdons avec joie. Hélas ! combien de fois en la présence de ces objets de tentation avons-nous perdu notre liberté et notre franchise, malgré tous les efforts que nous faisons pour résister à leurs charmes ; ces sorcières, ces enchanteresses ne manquent jamais de répandre leur poison sur nous pauvres martyrs, et de nous écarter du chemin de salut. Morbleu ! continua-t-il en touchant sa doctrine, misérable partie rebelle, quand seras-tu sage et sans péché ? C’est toi qui nous entraînes en purgatoire et de là en enfer par tes désirs impurs ; et de là je conclus, messieurs, qu’il vaudroit mieux pour la paix et pour la tranquillité de son âme, raser ou bombarder ce membre extérieur, que d’être toute sa vie dans les flammes éternelles où il n’y aura jamais de fin.

La risée du monde étoit si forte dans l’église, particulièrement des hommes, que l’on ne pouvoit se parler : et le père Bourdaloue qui voyoit que son sermon avoit donné du plaisir à ses auditeurs, se mit aussi à rire avec eux de toute sa force, ce qui lui attira la huée de tous les jeunes garçons de l’auditoire, qui le montroient au doigt comme un prédicateur à faire rire. Tout le peuple s’étant retiré chez soi, le jésuite rentra dans son couvent toujours de belle humeur, sans réfléchir sur ce qu’il avoit dit en prêchant.

Quelques jours après il se rencontra du