Page:Les Jésuites de la maison professe de Paris en belle humeur, 1874.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
EN BELLE HUMEUR


trouve facilement, et que tous les savans touchent à la main quand ils veulent.

Étant de retour à son couvent, il régala ses frères de son aventure, et leur donna envie d’en faire autant. Chacun fut trouver sa belle avec qui il se divertit autant qu’il put ; mais les pères gardien et De La Rue, gros ivrognes et grands gourmands, revinrent si saouls à leur couvent, qu’il les fallut porter à leur lit où ils firent toutes les fonctions de la nature. L’on fut longtems à laver leurs draps et leurs hardes que le père supérieur voulut faire exposer à la vue des passans, afin de leur donner de la honte. Le lendemain il fit venir tous les jésuites dans l’église deux à deux et leur fit un sermon fort sévère sur leur vie, qui n’étoit point exemplaire ; car ajouta-t-il, pourvu que vous ayez l’extérieur, voilà tout ce que nous vous demandons ; vivez en chiens, en diables, cela nous est indifférent.

Le soir le père Bourdaloue fît un beau sermon où il se trouva beaucoup de monde. Ce prédicateur prit son texte au second livre du divin Sancius, chapitre 11, verset 2, où il dit avec beaucoup de passion, qu’ayant bien maté sa chair, et châtié ses membres, il ne laissoit pas encore de rejaillir à la vue des créatures qui n’étoient créées que pour tenter l’homme, et pour l’écarter de son devoir. Oui, messieurs, s’écrioit-il en frappant des mains sur son estomac, la femme