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LES JÉSUITES


l’arsenic et d’autres choses semblables pour le profit des démons ; Innocent VII nourrit tous les enfans qu’il a eus de ses huit filles qui lui servent tour à tour ; Léon IX est un sot sans remède qui mouche les chandelles ; Sixte IV est toujours au bordel avec les filles qu’il a débauchées.

Les révérends pères jésuites firent plusieurs signes de croix en écoutant le récit funeste de ces misérables damnés, que l’esprit leur fit, ce qui les jeta tous dans une consternation effroyable ; chacun s’entreregardoit et se demandoit s’il iroit dans ce lieu de tourment où le savoir et le respect n’étoient point connus. — Oui, de par tous les diables, leur répondit l’ombre en leur donnant un coup de fouet qu’il trouva dans le nez ; mais je veux être pendu si vous souffrez ce que j’ai souffert. Les jésuites se prirent à rire de la pensée d’un esprit qui pensoit de se pendre ; mais il leur dit en jurant encore mieux : Si je le pouvois, il y a longtems que je l’aurois fait.

Cette ombre infernale fatigua longtems ces religieux en plusieurs manières, allant presque toutes les nuits les tirer par les pieds et par les oreilles dans leur lit, et ne pouvant souffrir qu’ils eussent de repos. Mais une nuit, comme il faisoit un beau clair de lune, et que quelques jésuites étoient las de veiller, s’étant découvert les fesses à cause de la chaleur, l’esprit Nicolas qui