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La Servante du Curé



Un certain Curé de campagne,
Avait pour servante et compagne,
A la barbe des saints canons,
Fillette de dix-huit années :
Et porteuse de deux tetons,
Où l’on eut pu trouver l’etoffe
D’en faire quatre à bon marché.
Le prêtre n’était point fâché
Malgré son humeur philosophe,
De goûter le plaisir des yeux.
D’ailleurs, se conduisant au mieux.
Sage, décent, plein de prudence ;
De bonne foi ; sans conséquence :
Et trouvant bien plus de raison
D’avoir toujours à la maison
Jeune fillette aimable et frâiche,
Gaie, active, et de bonne humeur ;
Qu’un vieux laidron sec et revêche
Qui gronde, et vous fait mal au cœur :
Du reste ; froid par caractére,
Tout rempli de son ministére,
Notre Curé n’avait jamais
Dit à Nanon sur ses attraits,