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Les Deux n’en font qu’Un



Lise naquit dans la province ;
De parens, dont le revenu,
Par malheur, était un peu mince.
Lise sous un air ingénu
Cachait une ame véhémente,
Un vif penchant pour les plaisirs,
Un cœur agité de desirs.
D’ailleurs elle était ravissante.
Bien faite, et blonde sans fadeur,
Beau sourcils bruns, bouche mignonne,
Grands yeux bleus et pleins de douceur.
Teint de rose, oreille friponne ;
Cou d’albâtre ; tetons pommés,
Bien ronds, bien fermes, bien placés.
Bras d’ivoire, main potelée,
Taille svelte, démarche aisée,
Jambe fine, le pied furtif,
Enfin belle au superlatif,
Et faite pour etre adorée.
Jeune fille avec tant d’appas
Peut-elle rester ignorée !
C’est ce que l’on ne soupçonne pas.
C’était pourtant le sort de Lise.
En province on a la bêtise
De tenir aux vieux préjugés.
Les jeunes gens sont obligés