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Damon Urseline



Auprès d’un couvent d’Urselines,
Demeurait un bon garnement ;
Qui dans le jardin des béguines
Voyait de son appartement
Quoique fort jeune, il était riche
Et de l’argent n’était pas chiche.
D’autant qu’il avait le bonheur
D’avoir enterré pere et mere ;
Et de plus d’être légataire
D’un sien parent, grand amasseur
Qui s’endormant pour le grand somme
Légua ses écus au jeune homme.
Maître de son bien, et de soi
Il vivait, heureux comme un Roi :
Il était à la fleur de l’âge,
Bien fait, assez beau de visage,
Et n’ayant de barbe au menton
Que comme en avait Apollon.
D’ailleurs, vigoureux comme un diable,
Et de plaisirs insatiable.
Souvent au jardin des Nonains,
A l’heure de la promenade,
Fixant ses regards libertins ;
Il en recevait mainte œillade.
Une, surtout l’avait frappé.
C’était une jeune beauté,
Victime de l’atrocité
D’une mere injuste et cruelle ;
Qui n’ayant d’autre enfant qu’elle ;