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Pour servir l’amoureuse flamme
De certain Monsieur Grenadier,
Grand riboteur de son metier,
Faisant d’hommes force recrue
Et passant femmes en revue ;
Employant au mieux son congé.
Un jour qu’au milieu de la place
Il assemblait la populace,
Dame Margot s’y rencontra,
Et le grivois la remarqua.
Margot en valait bien la peine :
Sein d’albatre ; cheveux d’ébéne ;
Minois rond ; les plus belles dents ;
Tetons fermes et bondissans…
Margot enfin était jolie
Et le savait, en pareil cas
Aisement la coquetterie
Vient se mettre de la partie :
Aussi Margot n’en manquait pas.
Elle était toujours arrangée
D’un air leste, propre et galant ;
Du linge fin ; toujours bien blanc,
Une coiffure negligée
Dont l’adroite simplicité
Pare et releve la beauté.
Bref : Mons la Tulipe la guette,
L’aborde, lui conte fleurette.
Le drôle était joli garçon,
Grand, rablé, noir, et l’œil luron
Il plût à Margot ; et l’affaire
Se termina ne sais comment.