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Le Jardinier et sa Femme.



Loin du tumulte de la Ville,
Un Jardinier nommé Guillot,
Avec son épouse Margot
Tenoit son petit domicile.
Un Jardin de plus d’un arpent
Qu’ils travaillaient conjointement,
Fournissait à leur subsistance ;
Et dans leur paisible réduit
Ils avaient meme assés d’aisance.
Ils vendaient beaucoup de Fruit,
De Légumes et de Salade.
Un Jour Margot fit la malade
Et c’etait un jour de Marché,
Reste au lit, ma petite mere,
Lui dit Guillot d’un air touché,
Chés nos pratiques d’ordinaire
Je vais porter tout ce qu’il faut.
Repose toi — que je repose ?
Eh, ne faut-il pas que j’arrose
Notre Jardin ! — il fait trop chaud.
Et quand Je reviendrai tantôt
J’arroserai ; va je m’en charge.
Il dit, et crac prenant sa charge
Sur son dos, le voila parti.
Le Lecteur doît être averti
Que tous les jours c’était la femme
Qui faisait la commission ;
Et cette fois la fine lame
Feignait l’indisposition