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Aux talents votez l’indigence,
Les poucettes à la chanson !
Vite un bâillon,
Un saint bâillon,
Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Proscrivez même l’éloquence !
Nous n’y tenons pas, par raison.

Que nos libertés en marasme
Meurent, et que tous nos valets,
Échappant aux cris du sarcasme,
Se vautrent dans l’or des budgets.
Le commerce a trop d’opulence…
Qu’il creuse pour nous son sillon.
Vite un bâillon,
Un saint bâillon,
Pour éclairer, il suffit de Guyon ;
Et qu’aux ronces de la puissance,
La brebis laisse sa toison.

Et toi, Discorde en chapeau rouge,
Aiguise ton poignard sacré ;
Broie en paix les sucs de Montrouge
Dans l’eau bénite des curés.
On réserve à ton innocence
Le monopole des prisons.
Vite un bâillon,
Un saint bâillon,
Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Rendons le peuple à l’ignorance,
Changeons le sceptre en goupillon.