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Dieu paternel, Dieu de bonté,
Salut ! tu seras notre juge !
Amis ! chantons la liberté !
Répétons, en quittant la vie,
Ce cri, des tyrans redouté :
Vivre ou mourir pour la patrie !

Mais j’entends crier nos verroux,
On pénètre dans notre abîme :
Prêtres que nous demandez-vous ?
Nous sommes étrangers au crime.
Le juste voit, sans s’émouvoir,
Sur sa tête éclater la foudre.
Nous avons fait notre devoir :
C’est nos juges qu’il faut absoudre.
Amis, etc.

J’aperçois enfin le licteur ;
Le char funèbre est à la porte ;
Le peuple avide de fureur
S’empresse à grossir notre escorte.
Ô contraste ! il laisse mourir
Ceux dont il va suivre l’exemple,
Et notre vengeur à venir
C’est celui-là qui nous contemple.
Amis, etc.

Voici l’échafaud… Son horreur
N’a rien dont notre âme s’étonne :
L’innocence est ici sans peur,