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Afin d’apprendre aux enfants
Qu’ils sont nés pour être esclaves,
À leurs premiers mouvements
On avait mis des entraves.
Si l’homme est libre au berceau,
C’est la faute de Rousseau ;
Si la raison l’éclaire,
C’est la faute de Voltaire.

Dans le délai le plus court
Qu’un grand abus se détruise :
Depuis la mort de Raucourt,
Les acteurs vont à l’église[1].
Ils ont l’honneur du tombeau,
C’est la faute de Rousseau ;
Le curé les enterre,
C’est la faute de Voltaire.

Ces deux suppôts du démon
Font damner l’Église entière.
Cottret[2], notre Cicéron,
Couche avec sa cuisinière ;
En a-t-il du fruit nouveau ?
C’est la faute de Rousseau ;
Si Jeanne est son bréviaire,
C’est la faute de Voltaire.

  1. Enterrement de mademoiselle Raucourt (15 janvier 1815). Voir Vaulabelle.
  2. L’abbé Cottret, chanoine de Notre-Dame, auteur du mandement.