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Sire Lion, d’un courage indomptable,
Vint à régner en ces temps désastreux ;
Gloire, revers, splendeur trop peu durable
Ont signalé son empire orageux.
Le Léopard trembla dans son repaire,
Mais que d’agneaux ce triomphe coûta !…
Pauvres moutons, etc.

On vit bientôt mille hordes sauvages,
Fondre du Nord sur ces bords désolés ;
On s’adjugea de riches pâturages,
Pour secourir des frères accablés.
Le reste échut au fermier solidaire,
Qui par traités en toisons s’acquitta.
Pauvres moutons, etc.

Robin-mouton, favori du despote,
Eut après lui la bergerie à bail.
Flatteur adroit et fourbe patriote,
À l’étranger il vendit le bercail.
On paya bien son zèle mercenaire ;
Il voulait paître… et paître on l’envoya.
Pauvres moutons, etc.

Oh ! quand pourrai-je, aux rives de la Seine,
Voir nos moutons jouir d’un sort plus doux,
Et pour eux seuls fertilisant la plaine,
Croître et bondir sans la crainte du loup ?
En attendant cet appui tutélaire,
Que chaque maître à son tour promettra,