Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

Li :s l’ KM MIS i’()i,rriQi]ii :s. 45

plus en lépiilaliou Je notre époque, lit légulièreineul lous les ans les énormes Inlollos renlcnnant les iliflérents chapitres du budget de l’ilat. A certains jours, les femmes politiques reiuplissent la loge diploinalique, i) la chambre des députés : elles iiiurniureiit : elles approuveiil h demi-voix ; dans les entr’actes des séances parlementaires, elles soutieiiuent de chaudes discussions contre les jeunes et vieux diplomates qui leur servent de seconde ligne. Quelquesunes, plus préicutieuses, allectent le langage d’une inconiprébensibilité savante, d’une métaphysique inintelligible à l’esprit nn . C.elles-lii s’endorment le soir en lisant le cours philosophique de Cousin, et se promènent au bois de liouiogne, avec un volume delà philosophie de l’hisloiie, par M. C.niziil. La comlesse de . , bna-bku poliiiijue de la plus haute distinction, disait dernièrement devant le plus spirituel des auteurs de mémoires apocryphes : « J’aime Gnizotel Cousin d’une alTeciion presque égale, ou plutôt tous deux complèlent en moi une allection psychique et instinctive ; la dualité de ces grands " hommes se confond en une unité complexe, et m’amène pour ainsi dire h com- " prendre l’inhni ; le premier en a la pnd’ondeur, et le second l’étendue. » — Ne pourrait on pas plutôt, repondit l’auteur de mémoires, prétendre avec <i plus de iaiSt»D et sans lienleurôler de leur ressemblance avec l’indui, qu’ils sont Il aussi inexplicablesy « 

La femme politique dont les pensées s’expriment en paroles métaphysiques est une de ces infortunées créatures l’ortement éprouvées par les orages des passions, et qui se survit ;i elle-même, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans un besoin de sensations et d’expressions mélancoliques ; la politique esl pour elle comme une affaire d’amoui’ ; elle y porte le rellet de ses anciennes ardeurs, elle s’enthousiasme ; elle hait, elle adore tel ou tel homme politique, telle ou telle cause, suivant un instinct secret que la raisim ne conduit pas toujouis et que la cuusiance n’accompagne presque jamais.

Cette femme-lb est la femme poétiquement politique.

La femme sérieusement politique s’appuie, au contiaire, beaucoup sur le libre arbitre de sa raison , et se vante de la conslance de ses sympathies. La politique est la continuation desondernier amant, l’our quelques-unes, comme pour ces vieilles joueuses que l’on voit pâlir, avec la lumière des bougies qui s’éteignent, autour d’un tapis vert, la politique esl tout ’a fait un dernier amant, et|)eut-C’tre le plus chéri de tous.

J’ai connu deux types remarquables de la femme politique : le premier de ces types résumait en une seule nature toutes les Egéries gouvernementales ; le second offrait à mon investigation les Égéries opposantes ; ces deux Égéries , femmes de bonne compagnie, riches, élégantes, en réputation d’esprit, exerçaient, chacune dans le cercle de leurs opinions, une certaine intluence, une sorte de souveraineté politique et morale. La première, la comlesse de liégnacourt, avait été ce que l’on nomme vulgairement une femme légère, c’est-’a-dire qu’elle avait eu beaucoup d’amants, et par conséquent fort peu de conslance ; mais, pai unsinguliercapricedu sort, ou plutôt par une merveilleuse prévision de l’avenii, la comtesse de Régna-