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LA F 11 M M K COMME IL FAIT. 2fl

iiicrveillf. Klle aimo en vous un homme (|iii va jîrossir sa sociélé, l’objet ili’s soins el (les inqiiiéliules (jiie se doiineni aiijoiii’il"liiii les femmes comme il faiil. Aussi . pour vous tier dans son salon, sera-(-elle d’inie ravissante eoi|nellerie. Vous scnlez. là surtout , combien les femmes sont isolées aujourd’hui , |)our(|Uoi elles veulent avoir un petit monde dont elles soient la constellation. La causerie est impossible sans généralités. L’épifiramnie , ce livre, en un mol . ne tombe plus , comme pendanl le dix-huitième siècle , ni sur les personnes ni sur les choses, mais sin- des événements mesquins , et meurt avec la journée. Son esprit , quand elle en a , consiste à mettre Ion ! en doule . comme celui de la hourj ;eoise lui sert à (oui affirmer. Là es ! la grande différence entre ces deux fenunes : la bourgeoise a cerlainemeni de la vertu . la femme comme il faut ne sail pas si elle eu a encore, ou si elle en aura toujours : elle hésite et résiste, là où l’aiilre refuse net pour tomber à |)lat. Celle hésilalion en toute chose est une des dernières grâces que lui laisse noire horrible épo(pic. Elle va rarement à l’église, mais elle parlera religion, et voudra vous convertir si vous avez le bon goût de faire l’esprit fort, car vous aurez ouvert une issue aux phrases stéréotypées , aux airs de télé et aux gestes convenus entre toutes ces femmes.— Ah ! fi donc ! je vous croyais trop d’esprit pour attaquer la religion ! La société croule, et vous lui ôtez son soutien. Mais la religion, en ce moment, c’est vous et moi , c’est la propriélé, c’est l’avenir de nos enfants. Ah ! ne soyons pas égoïstes. L’individualisme est la maladie de réj^Kpie. et la religion en est le seul remède ; elle unit les familles que vos lois désunissent , elc. Elle enlame alors un discours néo-chrélien, sauiioudié d’idées polllic|ues, (pil u’csl ni calholiipie ni protestant, mais moral, oh ! moral en diable, ou vous reconnaissez uiw pièce de chacpie éloffe qu’ont lissue les doctrines ■modernes aux prises. Ce discours démonlrecpie la femme connue il faut ne rcprésenle jias moins le gâchis intellectuel que le gâchis politi(pie, de môme qu’elle est entourée des brillanis el peu solides pi-oduils d’une industrie cpii pense sans cesse à délruiie ses œuvres pour les remplacer. Vous sortez en vous disant : Elle a décidément de la supériorité dans les idées ! Vous le croyez d’autant plus (|u’elle a sondé votre cœur et votre esprit d’une main délicate ; elle vous a demandé vos secrels , car la femme comme il faut |)arait tout ignorer pour tout apprendre ; il y a des choses qu’elle ne sait jamais, même quand elle les sait. Seulement vous êtes inquiet, vous ignorez l’étal de son cœur. Autrefois les grandes dames aimaient avec affiches, journal à la main et annonces ; aujourd’hui la femme comme il faut a sa petite passion réglée comme un papier de musi<pie , avec ses croches , ses noires , ses blanches , ses soupirs, ses points d’orgue, ses dièses à la clef. Faible femme, elle ne veut compromettre ni son amour, ni son mari . ni l’avenir de ses enfants. Aujourd’hui le nom , ta position, la fortune, ne soni plus des |iavillons assez respectés |)our couvrir tontes les marchandises à l)ord. L’arislocralie entière ne s’avance plus pour serir de paravent à une femme en faute. La femme comme il faut n’a donc point, comme la grande dame d’autrefois, uneallurede haute lulle ; elle ne lient rien l)riser sous son |iied , c’est elle qui serait brisée. Aussi est-elle la femme des jésuitiques mczzolcmiine, des plus louches tempéraments, des convenances gardées, des passions anonymes menées entre deux rives à brisants. Elle redoute ses domestiques connne une Anglaise (pii a