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LA FEMME COMME IL FAUT.

  • R une jolie matinée vous flânez dans Paris. Il psI pins

de deux heures, mais cIiki liemes ne sont pas sonnées. Vous voyez venir ;’i vous une femme. Le premier coup d’oeil jeté sur elle est comme la préface d’un beau livre : il vous fait pressenlir un monde de choses élégantes et fines. Comme le botaniste à travers monts et vaux de son |5^ lierborisatiou, parmi les vulgarités parisiennes vous rencontrez enfin une fleur rare.

^- (lu elle est accompagnée de deux hommes très-distingués, dont ini au moins est décoré, ou (|ueli(Lie domesli(|ue en petite tenue la suit à dix pas de distance. Elle ne porle ni couleurs éclatantes , ni bas à jour , ni boucle de ceinture trop travaillée, ni pantalon à manchettes brodées bouillonnant autour de sa cheville. Vous remarquez à ses pieds, soil des souliers de inunelle à coihurnes croi ;sés sur un bas de coton d’une finesse excessive ou sur ini bas de soie uni de couleur grise, soil des brodequins de la plus exquise simplicité. Une étoffe assez jolie et d’un prix médiocre vous fait distinguer sa robe, dont la façon sui'prend i>lns d’une boui-geoise : c’est presque toujours une redingote allachée |iar des nœuds , et mignonnement bordée d’une ganse ou d’un filet imperceptible. L’inconnue a une manière à elle de s’envelo|iper dans un cliàle ou dans une manie ; elle sait se prendre de la chute des reins au cou , en dessinani une sorte de carapace (|ui changerait une bourgeoise en tortue, mais sous laquelle elle vous indique les plus belles formes, tout en les voilant. Par quel moyen ? Ce secret, elle le garde sans être protégée par aucun brevet d’invention. Artistes , poètes , amants , vous tous ipii adorez le beau idéal, cette rose mysli(|ue du génie heureusement interdite à la mécanique , flânez et admirez cette fleur de beauté si bien cachée, si bien montrée ! La coquette se donne, par la marche, 1