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306 Lli VI V ELI !.

Adi)l|(lio (loniourait dans le faubourg Moiituiaitre ; il occupail ilniis la rue Iîoi !;(’H' un entresol d’assez niodesle apparence , el sidié dans un eoips de lo !;is nu fond dune cour. Le portier de la maison ne nous demanda pas même oîi nous allions ; il sourit, fit un signe de tète a Noilis, et en un instant nous fûmes près d’une petite porte, sans sonnette, que trois vigoureux coups de poing firent tremhler sur ses gonds. On enteuditdaus l’intérieur un énorme bàillemeiil, puis une imprécation énergiqucment prononcée ; enfin , aprèsdcu minutes environ , il parut que quelqu’un sautait à bas d’un lit : la porte s’ouvrit alors, el nous eûmes h peine le temps d’apercevoir un être qui fuyait dans le simple appareil dont parle le poète , et qui legagnait en tonte hâte la couciie qu’il venait de quitter.

Il Que le diable t’emporte ! dit le dormeur éveillé à Xollis . qui s’Installait dans i[n lauleuil.

— Il parait que la nuit a été chaude, répondit Noilis en allumant un cigare qu’il avait pris sur la table de nuit.

— C’était maguilique ! Achille mius rendait le souper de mardi , et vraiment 11 .1 bien fait les choses.

— Où avez-vous soupe’ ? Quels étaient les convives

— Au café anglais ! La bande ordinaire. On nous a présenté un jeune gentilhorame périgourdin qui prétendait savoir boire le vin de Champagne. Pauvre amour ! il n’en est pas même aux premières notions.

— Quelles étaient les femmes’ ?

— Ma foi ! je t’avouerai qu’il n’y en avait pas. Ernest voulait amener ses deux danseuses ; j’ai insisté pour qu’il n’y eût que des hommes ; la galanterie m’ennuie, même celle qui convient a ces espèces. Les femmes n’entendent rien au souper : si elles se modèrent, elles sont gênantes ; si elles s’abandonnent, elles risquent d’inspirer le dégoût. La régence s’est trompée en admettant les femmes "a table ; c’est une des erreurs de nos pères.

— Jusqu"a quelle heure êtes-vous restés ?

— Jusqu’il quatre heures. Maître et garçons tombaient de sommeil. Tiens , mon cher Noilis, je te le dis avec une douleur véritable , malgré nous le souper s’en va. ( Profond soupir.) Tu sais tout ce que nous avons fait pour le relever, pour surpasser son ancienne splendeur et lui donner un éclat nouveau. Vains efforts ! mon digne ami ; le souper, ce repas des viveurs , se perd , on ne le comprend plus ; le carnaval en a fait une débauche grossière ; et pendant tout le reste de l’année il est oublié et méconnu. Le dîner a tué le souper.

— Et le souper renaîtra du dîner , s’écria Noilis avec feu. Ne vois-tu pas comme le dîner s’avance de plus en plus dans la soirée, comme il marche d’heure en heure vers la nuit ? On finira par ne dîner que le lendemain. Le temps n’est pas loin où la politique , l’industrie , les querelles littéraires, et je ne sais quelles autres graves bagatelles seront chassées de nos salles "a manger, comme des harpies. Alors on verra refleurir le souper ! Mais présentement il s’agit de déjeuner. As-tu quelque idée ?

— Oui ! D’abord je vais me lever. »

Pendant qu’Adolphe procédait a celle importante opération, j’examinais l’appnr-