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si, dans ties clieniins poudreux , il s’exlasie sur la purelé de Tair qu’il respire ; si , (enté par u’importe i|uel (mil défendu , il tombe entre les niaius inévitables du ginrde champêtre , (|ui le suivait pas à pas, et qui lui déclare proch-verbal au nom de la loi et de la pudeur publique : ces plaisirs , cette promenade enclianlée, ces émotions si variées et si nouvelles, et surtout Vaspecl de la verdure, a qui les doit-il, sinon à la fruitière ?

Cbaque mois lui envoie ses productions. On voit paraître chez elle tour a tour l’oseille , la lailue, les asperges , la chicorée ; puis viennent les choux-fleurs et les petits pois , ces douces prémices de l’été ; les fraises et toute la famille des fruits rafraîchissants. Attendez : voici les pommes do terre nouvelles, toutes petites , toutes rondes, ou délicatement allongées. La pomme de terre suflirait seule à la gloire de lu fruitière. La boutique où l’on trouve ce pain naturel doit être la première parmi les plus utiles et les plus honorées. L’autonuie arrive les mains pleines de ses brillants tributs , et l’hiver, qui ne produit rien , se pare longtemps des richesses de l’automne. La neige couvre déj !i les campagnes et les jardins , que l’étalage de la fruitière, ce jardin artiliciel , est aussi fourni ijue jamais. Elle vend bien d’autres choses encore. Elle est renommée pour le beurre, le fromage et les O’ufs frais , et elle partage avec l’épicier 1 lionneur de cultiver les cornichons, ce légume proerbial. Regardez : voilà des plumeaux et de mystérieux balais dont l’usage ne s’exprime pas ; voil’a des pois de toute forme et de toute couleur ; vdii’a des vases eu faïence plus utiles qu’élégants , et dont le hesoin se fait généralement sentir ; et, par le plus heureux contraste, le bon La Fontaine trouverait encure il i :

De quiji faire à Maryot piiur .va tôle uuhouquel.

Le petit oiseau lui-même n’y est pasouhlié ; outre le mouron (ijoe deviendrait Paris sans mouron ! ), on voit suspendus en dehors de longs épis de millet, et des gâteaux circulaires , image trompeuse de iu)s échaudés.

Enûu c’est la fruitière ([ui fournit ces petits vases en terre cuite, dont l’étroite ouverture ne sait pas rendre ce qu’elle a reçu : les tirelires. Saluez , ô vous qui ne les connaissez pas. Les tirelires, si chères ’a lagrisette, "a la demoiselle de boutique, ’a l’enfanl, à l’artisan laboiieux ! Les tirelires, ces caisses d’épargnes des plaisirs innocents !

Les tirelires , que la Iruilièie ven<l un sou , et qu’une femme si rangée et si 

économe étnit seule digue de vendre.

Fletrrs et fruits, fi-omage, beurre et œufs frais : tout cela , direz-voirs , s’achète aux halles. Mais lej> halles sont si loin , et le temps à Paris e.sl si cirer ! La borrtiiiue de la fi riitière est une petite halle étuhlie dans chaqrre irie. Chaque maison y envoie chercher’ les provisions de la journée , et l’hôtel crgueilleux hii-iiième. (piand la halle liti a manqué, se voit contraint de reeouiiià l’hirmlile boutique, et s’étonne d’y être si liien servi.

Comprend-on maintenant l’importance morale de la fruitière ? Nul ne vient chez (Ile sans y échanger quelques paroles. C’est le rendez-vous favori des servantes ; et.,