Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/448

Cette page n’a pas encore été corrigée

->->« Lt M Ail Kl’, UEIL DES.

Indes ])ar vocaliou ! Uoiiiicui- a lui ! nous )e ix’iictous, celle espèce esl laie, mais elle eislc.

Et d’abord, voyez celte figure grave et impassible, ce regard d’aigle, ce niainlien composé ; écoutez celte voix compasséfi, monotone, caverneuse. Que de soins ne lui a-telle pas coûtés’ ? A combien de travau.v ne lui a-t-il pas fallu se livrer pour arrivera cette perfeclion’ ? A quelles rudes épreuves n’a-t-il pas dû soumettre son gosier pour obtenir cet organe imposant :" Et ce maintien ! croyez-vous qu’il lui apparliennc naturellement.’ Gardcz-ous de toudjcr dans cette erreur. Comme sa voix, son maintien est le fruit d’études longues etjiénibles. Et ce regard d’aigle, et cette ligure grave ! ne vous y tromjiez pas, ils ne sont pas non plus dans sa nalure ; il peul, quand il le veut, avoir des yeux sans expression et une ligure insigniliante. Voilà où est le mérite, où est l’art, où est le génie : tout cela est acquis a grand’ peine, tout cela est composé par lui.

Grand homme ! il entre dans son étude : les clameurs de la récréation cessent tout à coup, les bruits s’apaisent, les chucliotements s’éteignent. Et pour obtenir ce calme si prompt, si instantané, il n’a pas eu un mot à prononcer, pas le plus petit .si/eHcc à jeter à la foule bruyante, lien ; sa [)résence a suffi. Aussi connne il jouit de l’effet produit ! comme il se pose fièrement en chaire ! Ce sont la de ses triomphes ! il les chérit, il en est glorieux, il en deviendrait fou de bonheur. Amoureux du pouvoir qu’il exerce, sûr de son inûuence, il se plaît "a l’éprouver. Au moment où on s’y attend le moins, il sort, laisse l’étude seule, la chaire vide ; il s’éloigne assez pour ne [las être aperçu, mais pas assez pour ne |)oint entendre. C’est alors qu’il ressent ses plaisirs les plus vifs, ses joies les plus enivrantes ; même silence "a l’étude, pas (Ml mol, pas un chucholement ! Son esprit planeencuredans celle salle qu’il vient de quitter. 11 est si heureux en ce moment, que vous lui offririez une fortune, un empire, la papauté, il vous renverrait bien loin en vous disant avec une noble fierté ; rv’ai-je pas mon élude’ ?

Comme cette salle enfinnée lui plaît ! c’est son royaume ; l’a il trône, là sa voix est souveraine. Son étude, c’esl lui ; lui, c’est son étude ; il s’identifie avec elle ; l’odeur de la classe fait partie de sa vie ; car les classes ont cela de particulier, (ju’elles ont une odeur à elles, qui leur est propre, et que nulle autre part on ne pourrait retrouver.

Ordinairement celui-là, au milieu des rêves de son enfance, parmi ses ambitions de jeune homme, s’est senti un vague désir d’épaulel tes. A trente ans, il est maître d’études :

ses rêves sont en partie réalisés, ses ambitions, presque satisfaites. Il a un commandement, 

de petits soldais qui lui obéissent ; il joue au général, il esl heureux. Alors son discours est empreint de ses idées premières : il donnera une forme mililaire à tous ses ordres. Entend-il la cloche qui annonce la promenade, il dira aussitôt : « Aclicvnl ! le boule-selle a sonné ! » Veut-il punir un élève, il dira d’un ton sévère : « Aux arrêts ! et miUlairement. » Un autre, un vulgaire se serait <ontenté du simple mot en reltnne. Quelle trivialité ! Généralement aussi, en d(in= nant un cachet militaiic à toulcs ses aciions, il n’en exclut pas une propreté méticuleuse ; il poursuit avec acharnement un soulier mal ciré, il ne pardonne |)as