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LE MAlilU- : D’ETLDES. 537

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" Oli ! lu’sieui ! séciie l’enfant, je ne Tai pas fait exprès ; c’est chose que je visais, et il s’est rférangé. » Puis il s’en retourne eu riant sous cape, et le pauvre lioiume se toiilenle de celte excuse.

Une fois qu’on l’a éprouvé par une plaisanterie de ce genre, et qu’il a laissé l’insulte impunie, il ne se passe pas un jour qu’il ne pleuve sur lui une quantité prodigieuse de nulles. Drosse coupée dans le lit, verre d’eau dans la poche, boulettes (le pain sur les luueltes, il su()porte tout sans se plaindre, lit ne pensez pas que les élèves lui sachent gré de sa longanimité ; au contraire : y a-l-il une révolte, les plus gros dictionnaires, les encriers les plus pesants lancés à la tête, sont pour lui. Je ne vous parie pas du nombre inlini de charges que ces Daumior en lierhe lilliogiapliient sur les murs : toutes ont quelque chose du modèle ; mais tantôt il est gratilié d’un nez tuberculeux, tantôt une pipe vientajouterà l’agrément de sa physionomie, et le tout est embelli par une de ces inscriptions caractéristiques : Oli.’ c’ie balle ! ou bien : Ok ! ce cadet-là, quel pif qu’il a !

Cet homme, constamment en butte aux railleries et aux reproches, passera dans cinq ou six pensions par an, et traînera ainsi sa misérable existence jusqu’à ce qu’il arrive "a une échoppe d’écrivain public, d’où il sortira pour être admis dans un hospice de vieillards, s’il a des protections. Vous le reconnaîtrez facilement a sa mise : rarement il manque à se couvrir d’un habit jadis noir, dont le collet et les manches sont gras à faire honte "a un perruquier, et il est bien rare aussi que la forme accidentée de son chapeau jaunâtre ne se marie pas [larfaitement avec l’habit. Cette espèce du genre se pare de sa crasse, comme Antisthène de son manteau troué, et se pose en philosophe. L’ne seule fois par an peut-être le maître d’études se plaint de la vétusté de son ajustement, c’est le jour de la fête du maitre de pension : il y a bal, il est invite ; mais après avoir vainement retourné son habit dans tous les sens, il se voit forcé de refuser l’invitation et de se retirer au dortoir, où le bruit de la fête le poursuit encore. Il prend sa part du bal en insomnie. Bien différent de son confrère, le ruiné suit la mode aux dépens de son tailleur et fait des dettes pour n’en pas perdre l’habitude. Sa fortune passée lui sert "a. se poser devant ses élèves. Son caractère n’est pas égal : il est trop bon, ou trop brutal ; il ne punit pas, ou il frappe au risque de blesser. Et si l’on vient "a chercher la cause de sa brusque fureur, on la trouve dans les comparaisons que le malheuieux a faites tout le jour entre son passé brillant et sa position actuelle. — Celui-là est dangereux, on doit l’éviter avec soin.

Quant aux autres , "a ceux que la raison a fait maîtres d’études, ils sont vêtus comme tout le monde, se montrent généralement patients, parce qu’ils ont une espérance, et s’enveloppent de leur dignité à venir devant leurs élèves. — Ceux-là niéi ilent d’être recherchés ; ils sont d’un commerce assez agréable, et susceptibles de s’attacher à la maison qui les nourrit.

Mais tous ces maîtres d’études sont vulgaires, ce sont les plébéiens du métier. Foin de pareilles gens ! n’en parlons plus. Un seul a des droits à notre admiration ; à celui la tous nos hommages ! à celui-là l’attention respectueuse qu’on apporte à l’examen des choses rares ! Il est beau, il est srand. il est saint : c’est le maître d’é-