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LA FEMMK UV. ll. VCK. 527

C’osl a l’aiis. )i l’ai is -iciilt’iiidil. pays di’ rcssouitos cl de siililerlimi’s s’il en liil. que la femme cle ménage a vu poindre sou aurore. La leiume de iiiénafie esl la domestique de ceux qui ue sont pas assez riciies pour en avoir d’autres et pas assez |)auvres pour s’iMi passer. Serviliide au rabais, domeslieilé bàlaide. (|ui lui vend sa vie en détail, qui lui donne parlois toutes les douleurs de l’esclavane sans (pi’elle en ait les profils, qui lui l’ait clianf^er de niaitre, et d’humeur, et de travaux, a chaque instant de la journée, l’auvre femme, (pie l’on fait liavailler ii la làilieon que l’on prend ii l’heure, si l’on veut, tout comme on preiidr.iil un liaere.

D’un caractère triste, mais facile, la feunucde ménafie, smtout dans ses instants de repos, offre une douce imaj-^e de la résignation pieuse et du pardon des offenses. (juoi(pn" inaiiée le plus souvent, sa vie s’écoule solitaire an milieu du monde, et ses jours pleins d’amertume s’en vont eôloyant les existences heureuses on ; ;aies pour le service (lesquelles Dieu l’a fait naître, truand la femme de ménage n est pas mariée, c’est qu’elle ne l’est plus ; elle est veuve ; n’allez pas croire |)0ur cela ([u’elle ail changé de condition : cette perle de l’olijel de ses affections, comme on ditaujouid’hui, n’inllue en rien sur sa vie, le mariage n’étant pour elle qu’un veuvage anticipé. Mariée fort jeune, comme on se marie dans le peuple, elle n’a fait que cliangeid’esclavaiie ; elle a quitté le toit pateinel oii elle était préposée a la ijardc des enlanis et aux soins de la maison, jionr prendre, sous l’empire d’un époux lu niai et i ;i ossier, le collier de force de la domesticité : les premiers jours de son union nonl point en (le miel pour ses li’vres ; les fleurs dont on avait paré son sein se sont lléliies avant la lin du jour sous l’haleine avinée de sou époux. Ktaloisa commencé pour elle cette existence toute de misère, de déboires et de privations, (ju’elle traîne comme uuc lourde chaîne jusqu’au jour où il plaira a Dieu de la délivrer de ce fardeau. Combien y en a-t-il, hélas ! de ces douleurs secrètes cachées sous le regard audacieux de la feranie du peuple ! Combien de pauvres femmes souffrantes et désolées vous avez coudoyées dans la rue, et qui vous ont apostrophé d’une voix hargneuse, tant la douleur et le chagrin peuvent aigrir les naturels les plus doux ! Si vous saviez quels drames poignants et sombres le vice, la misère et la honte jouent paifois entre les quatre murs d’une mansarde ; si vous aviez sondé du regard toute la profondeur de ces abinies oîi la vertu se débat et lutte contre les suggestions de la misère et de la faim ; si vous aviez vu h quel degré d’abrutissement l’ivresse ou le malheur peut précipiter un homme, caria misère a son ivresse aussi, alors vous comprendriez loutee qu’il y a de grandeur etd’héro’isme sous cette enveloppe vulgaire, vous liiiez dansées rides prématurées toute une histoirede larmeset de courageuse résignation, et vous seriez saisi d’une respectueuse pitié pour cette créature fragile (iui,suiiiiontant les faiblesses de son sexe, domptant son corps comme elle a dompté son âme, se crée une profession ingrate, se plie à un dur labeur, et passe silencieusement sa vie entre un mari brutal, ivrogne et fainéant, qui la vole et la bat, et un maître grondeur, d’autant plus exigeant qu’elle est plus résignée.

J’ai entendu quelque part, dans une bouche proven( ;ale, ce dicton populaire auquel l’expression (>itloresque du patois ajoutait encoie une oii^inalité nouvelle : « Si nnc merluche ilcvcnail veuve, elle eiKji anse) ail . «