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324 L’ECCLÉSIASTIOUE.

les besoins individuels , sont nécessaires A la majesté de son ministère, à l’autorité de ses fonctions , à la dignité de son caractère , ft raccomplissement de ses devoirs si nombreux, qu’il manquerait A la fois aux obligations du prêtre et de l’époux , s’il n’avait pas la possibilité d’être l’un sans être l’autre.

Dans ces tableaux rapides, et forcément restreints, il n’y a ni exaltation, ni poésie-, il n’y a que des vérités et des faits simplement rapportés. C’est le portrait de l’ecclésiastique français, placé sous son véritable jour, et dégagé en même temps du respect irréfléchi dont l’entoure une dévotion étroite, et de l’hypocrisie dont le libertinage veut toujours le couvrir. Ce n’est pas le prêtre tel que le fait ou le voudrait un monde niais ou calomniateur, c’est le prêtre tel qu’il est, plus homme des besoins, des idées , des progrès , que dans aucun autre siècle, parce que le temps et les malheurs de l’Église n’ont pas été perdus pour lui.

Peut-on désirer ou craindre de le voir, comme à d’autres époques , se jeter dans les intérêts, dans les combats, dans le gouvernement des peuples et des rois ? Armé de son caractère, de sa prudence, de ses lumières, le prêtre reparaitra-t-il sur la scène du monde comme directeur ou conseiller des affaires publiques ? Le doit-il ? le peut-il ? grande question, plus actuelle, plus prochaine peut-êtn’ que le vulgaire ne le soupçonne ! grande question que ((uelques ecclésiastiques de nos jours semblent résoudre affirmativement par l’éclat et la solidité de leurs talents, de leurs écrits, de leurs vertus , qui paraissent les rendre dignes et capables de conduire les nations ; mais en même temps, question à laquelle la masse du clergé, dans ses discours , et la masse du peuple , dans ses dispositions , semblent répondre : Non.

Ouoi qu’il en soit, et dans le résumé de tous les traits sociaux et distinctifs de la physionomie ecclésiastique , regardez, depuis le séminaire , regardez A la chapelle du collège, à la caserne du régiment, à la proue du vaisseau, au berceau du baptême,

! la bénédiction du mariage, au lit du mourant, devant la chaumière du pauvre et 

la hutte du sauvage, sur les degrés, les pavés, les tapis de l’hôtel, du palais, de la prison , du bagne ou de l’échafaud , vous verrez toujours le prêtre catholique , l’homme de tous et de tout, universel comme son Eglise, avec l’attitude et la parole qui conviennent aux temps, aux lieux , aux personnes ; car le caractère typique, général et particulier de l’ecclésiastique , dans l’ordre social , celui dont l’éducation lui a imprimé l’ineffaçable empreinte, c’est l’observation de toutes les convenances, c’est |e sacrifice facile à toutes les situations. On a dit avec raison : «Il n’y a pas de convenance qui ne renferme une vertu ; « et c’est , en effet, parce que le prêtre français est le parfait modèle de toutes les convenances , qu’il laisse toujours apercevoir ou supposer en lui l’exercice de toutes les vertus.

A, Delaporest.