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L’IiCCLESIASTlULE. Vl^

spirituelles, que , apiH’^s avoir partagé leurs périls, ka aumôniers militaires leur prodiguaient naguère ; l’hc’tpilal ou ; l’auibulance.

Mais dans une autre épreuve dont il n’a pas été privé du moins, dans les baf ;nes ou dans l’assistance que le prêtre accorde au condamné ([ue l’on conduit au supplice, quelle patience, quel courage, quelle force d’âme et d’esprit ne doit-il pas posséder pour aborder, pour accompagner, avec le visage et la parole de l’esiiérance et de la paix, ceux qui croient avoir A jamais perdu l’une et l’autre ! Est-il un seul de nous, animé même des sentiments les plus chrétiens, et doué A la fois des facultés les plus résistantes à toute émotion, qui ))i’it siq)porter, que dis-je ? qui ertt choisi ce redoutable devoir que le prêtre français accomplit avec majesté, alors même que toute la nature comprimée de son être fait malgré lui jaillir de son front sublime quelques gouttes de cette sueur surhumaine, qui rappelle celle de la divine agonie !

Est-ce tout enfin ? Non ; et, commeon le dirait dans le langage vulgaire, vous avez pire ou mieux que cela : c’est le missionnaire ; non pas , entendez- vous bien , le missionnaire des sociétés étrangères et protestantes, qui s’en va, songeant à sa fortune, avec femme et enfants, roulant dans une b<jnne voiture, monté sur un bon vaisseau , vendre ou jeter avec insouciance ou bénéfices des bibles anglaises , genevoises ou allemandes à des gens qui ne savent et ne sauront jamais ni l’allemand ni l’anglais : c’est le missionnaire catholique , (|iiil faut seulement nommer ici , celui dont nous vous donnerons bientôt le portrait complet , (|ui se dévoue avec joie à tous les sacrifices, parce qu’il croit A la parole de son Dieu , et qu’en parvenant à la communiquer à ceux qu’il élève au bonheur du christianisme, il sait qu’il aide ; la propagation de la science, de l’art, du commerce, et qu’il contribue ainsi A la gloire de sa patrie.

Et puis , avec toutes ces obligations , ces abnégations , cette pauvreté, imposez donc encore au prêtre le devoir du mariage ! Cédez aux déclamations, aux niaiseries, aux exigences du protestantisme et de la philosophie ! faites que notre prêtre ait une femme, et il ne pourra plus être le soutien de toutes celles qui , dans leurs faiblesses ou leurs douleurs, n’ont recours qu’A lui ; faites qu’il ait des enfants , et il ne pourra plus se consacrer aux enfants du peuple ; faites qu’il ait les besoins, les jalousies du ménage et de la paternité, et vous ne le verrez plus charitable, doux, patient, discret ; car il ne pourra plus l’être, soit au milieu des joies, soit au milieu des chagrins domestiques et des scandales que lui ou les siens ne manqueront pas de donner au monde ; et vous ne pourrez plus en tirer aucun service ; et , pour tout dire, vous ne croirez plus au prêtre , vous n’irez plus A lui : qui sait ? vous le mépriserez peut-être. Et d’ailleurs, il ne vous demande pas le mariage ; au contraire. Aussi bien que nous, il en connaît les charges et les dangers, qu’il place avant ses bénéfices et ses douceurs. Ce n’est pas seulement pour suivre l’exemple du Fils de Dieu ; ce n’est pas seulement parce que le juste sens de l’Écriture lui indique le célibat , ce n’est pas seulement parce que la discipline générale de l’Eglise le lui interdit, que le prêtre répudie le mariage pour lui-même ; c’est encore parce qu’il comprend combien la pureté de ses esprits , la chasteté de ses sens , la liberté de sa personne , l’absence de tous