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L’EMPLOYE. 305

(juarlde la pcrsévoiaïK’e, île l’Iiabilelé, du tact, de l’espiit ilesuile el iiiicliiiicfois du talent réel dont il leur a fallu l’aire preuve pour s’avancer iiicdiocierncnt dans les fonctions publiques !

Il y a ensuite l’eniplové qui est jaloux et celui qui ne l’est pas du tout, le Irenibleur, le flâneur, le malade imaginaire, le pioclieur, le flatteur, le pèclicurà la ligue, le cumulard , celui qui professe pour la politique une indifférence profonde, et celui qui, attenlif aux moindres mouvements de l’Egypte, de l’Angleterre el de la Kussie, suppute chaque malin, dans sou intelligence, les futures destinées des empires.

Esquissons rapidement quelques-unes de ces intéressantes silhouettes, l’être employé et jaloux ! imagine-l-on un plus terrible su|)plice ? Vous écrivez à uu maiie, "a un curé, "a un receveur de l’enregistrement, n’importe, ou bien vous réglez les dépenses de telle commune située h deux cents lieues de Paris. Tout a coup une idée, une affreuse idée se présente "a votre esprit : « lit ma femme, où est ma femme" ? est-elle chez elle ? qui est avec elle ?» A cette pensée, votre tète se trouble , la phrase suspendue se lige dans votre cerveau, vous serrez la plume avec rage entie vos doigts, vous faites d’immenses erreurs d’addition. .Subjugué, pou.ssé, entraîné par le démon de la jalousie, vous vous esquivez furtivement de voire bureau , vous airivez chez vous , haletant, sous un prétexte quelconque, et vous embiassez , avec une joie mêlée de honte, votre femme, qui déchiffrait "a sou piano une contredanse de iMusard ou quelque valse de Jullien ; puis vous revenez vous mettre au travail mi peu plus tran(iuille pendant quebjues lieuies. C’est très-bien... Mais malheur "a vous si ces visites sans motifs se renouvellent uu i)eu tiop souvent ! La crainte du Minotaure vous piécipile entre ses griffes , et dès l’inslant où l’on vous soupçonne d’avoir des soupçons, vous êtes un mari perdu sans re’our.

L’employé à qui les rages de la jalousie sont inconnues n’esl-il pas raille fois plus heureux ? Voyez comme il est calme, tranquille, reposé. D’abord il se lève "a son heui e, avant ou après sa femme, comme il lui plaît, commande chez lui, mange tous les jouis un plat de piédileclion et arrive ’a son bureau quand il veut, pour n’y faire que ce qu’il veut. Peut-être qu’en examinant son visage avec attention dans certains niomenis, on y surprendr’ait un pli de colère, un froncement de sourcil, une velléilé de r évolte ; mais (|uelques secondes se sont à peiire écoulées, et ce nuage s’est évanoui ; le teint de l’employé est redevenu serein, pur, transparent. Au fait, que mauque-l-il "a son bonheur ? Il a une jolie femme, il avance rapidement sans avoir jamais sollicité, et il récolte d’abondantes gralilications ; son secrétaire-général , qui a les plus grandes tendresses pour sa dernière hlle, le charge souvent d’aller inspecler telle prisor), tel haras ou tel receveur de province, et ses collègues disent malicieusenreut de lui , sous le mauleau de la cheminée : « Il paraît que la femme de Léopold va le doter bientôt d’un nouveau gage de son amour, car ou vient de le nommer souschef. E sempre bene. »

N’oublions pas le trembleur. Ce type comporte plusierii’s sub(li irions. Il y a d’abord l’employé (|ui a peur des révolutions, des dénoncialions el dis destitutions. Mais passons légèrement sur- celte variété ; elle est digne de compassion. Vient en-