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rciiiployc (loi I (ilii|iliuHisoiii(’iil jusini’à dix lien tes cl f ;iil sa haihe lnaucoiip plus laid (|iio de loutunit’. Vers trois liciiies, il quille les piolmuleurs du Marais ou les liiiuleurs de lielleville, se dirige vers Paris avec sa femme, se proniène eiuorc deux heures piiur gagner de l’appélit , et va diner a 40 sous cbez liicliefeu avec de la perdi i aux choux , une sabdc de hoinaid , une sole au gratin et une meringue à la cionie |ioni dessert ! Apiès le diner , il se rend aux Chanips-lil^sées , si c’est en été , cl au concert Musard , en hiver. Puis, a dix heures et demie, il j éprend h pied le chemin du logis, où il n’arrive guère avant minuit, parce ijuc sa feinnie succomhc

i la faligue. La journée est linie.

Ce|)cndaiil les eiifiints sont venus, et Pemiiloyé en a au moins deux , souvent trois. Apres avoir pesté , maugréé , juré toute sa vie conire l’état que lui a donné son père , après avoir dit mille et mille fois avec ce personnage des Fourberies de Scapin : (^)ii’allais-je fnire dans cette galère ? l ’employé s’estime très-heureux de pouvoir y faire entrer son fils, et celni-ci , "a son tour , dira el agira comme a fait son père. Telle est , jusqu’à l’époque de sa mise a la retraite , dont nous ne parlerons qu’eu teimiuant , la destinée ordinaire de l’eniployé qui s’est marié.

Car il y a les employés célibataires , et l’on en compte un plus grand nombre que des premiers. « A <iuoi bon se marier ? se dit en effet le célibataire. Si je fais un mariage d’inclination , que n’aurais-je pas à souffrir de ne pouvoir donner à ma femme ces mille distractions , ces i iens chai niants , ces rubans et ces gazes , ces fleurs el ces perles qui eiiti eut pour une si grande pai lie dans le bonheur des femmes de Paris ! Si , au contraire , mon ménage doit ressembler à tant d’autres, pourquoi me jeter de gaieté de cœur , et sans compensation aucune , d^ins l’affreux guêpier des échéances , des modistes, des nonriices et des médecins ? l’ ;st-il donc impossible (le vivre autrenient ? Essayons. » C’est ainsi , c’est par ces douloureux motifs d’insuflisauce pécuniaire que la plupart des employés se vouent au célibat. Mais pour ccux-la la vie est peut-être plus triste encore que pour ceux de leurs confrères qui ont accepté les charges du mariage. Il est vrai que l’employé célibataire est heureux , libre, et fier de sa liberté jusqu’à l’âge de quarante ans. Il dine aux tables d’hôte ;i ."2 sous, fréquente les promenades, les concerts , les speclacles, les bals champêiies cl autres, el se ranime de temps en temps aux feux voyageurs d’une exislence aventureuse. Mais peu a peu la décoration change d’aspect : l’employé a grisonné, il a qua-I ante-cinf| ans , et l’âge des illusions est passé pour ne plus revenir. Alors , ni les pronieiKides, ni les concerts, ni les spectacles, ni les bals de toute sorte, rien ne l’amuse plus. Que faire ?; ! quelle iiinoccnte passion se livreia-l-il ? comment rem ;.lir les longues nulinées d’été elles interminables soirées d’hiver ? Quelle soliUule ! D’un autre côté, la vie des lablesd’hôte lui est devenue insupportable, odieuse. Quoi ! voir tous les jours en face, a ses côtés, des visages nouveaux qu’on ne reveria plus ! quel ennui ! Kl puis, s’il compare les potages sans saveur el les invariables liquides oii nagent -les viandes de sa lablc d’hôte aux succulcnls consommés et aux sauces si hahiicmcnl nuancées des dîners de famille, ijuelle diffiience 1 C’est alors qu’une grande révolution s’opèiodansla vie de rcm|iloyé célibataire. Il renonce au monde, à sesdiverlissemenU, aux bruyantes réunions, pour éUuliei i]uel(|ue bonne cl douce science, pourse livrer ii