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L’EMPLOYE.

L en est de l’employé comme de ces lépidopiires iloiit les naturalistes comptent des variétés iiiiKniihiablcs. Il eisle mille nuances d’employés, mais pour l’observateur qui les examine avec soin , la loupe à l’œil , toutes ont entre elles de nombreuses ressemblances, lie frappantes analogies. A quelque espèce de la grande taiiiille administrative qu’ils apparlieiineiit. on reconnaît toujours en eux l’influence d’un but unique, les int’mes piéoccupalions, une commune destinée.

Voici en quelques mots cette destinée commune de l’employé. A trente ans, l’employéqui émarge 1 ,800 franesd’appoinlements, se marie avec une bérilière qui lui apporlc en dot six ou huit cents livres de rentes. Il prend au fond du Marais ou dans la banlieue de Paris un logement dont le pri.v ne doit pas excéder 400 francs. Il fait tous les jours deux lieues pour aller remplir des registres, copier des lettres, mettre des paperasses en ordre , délivrer des ports d’armes, des passe-poits, desacquits-’a-caulion , des récépissés ; enregistrer ceux qui viennent, et ceux qui s’en vont, et cen que l’impôt de la conscription menace d’atteindre ; préparer un pont à celte commune, une école primaire à celle-ci, une garnison de cavalerie à celle-là ; faire circuler les pensées , les mensonges de Paris dans la France et dans le monde entier ; surveiller du fond de son fauteuil de cuir tel joueur, tel forçat, tel complot ; que sais-je encore ? avoir l’œil sur les Irente-buit mille communes de France , épier leurs besoins , leurs vœux , leur opinion , sur tout ce qui se rattache à la politique, au commerce, "a la fortune publique, a la religion, h la morale, a l’hygiène, sur tout enfin. Telles sont les fondions de l’employé pendant six heures par jour et pendant six jours de la semaine. Vient le dimanche. Ocjonr-I’a 58