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LA NoimiucE srn place

I j’avais riioiineur d’être père de famille, Je n’oserais pas érrire celarlirle, lant je craindrais d’exjiosrr ma rare an ressenlimcnl des nourrices futures ; il y a trop depelils vices, trop de péchés mondains, tropdequalilés négatives A dévoiler. La seule chose qui [lourrail i pcul-él re accroître mon courage, c’est celle pensée con- ^5 solante (pi’en général les nourrices ne savent pas lire, ^f Quoi qu’en puisse dire Jean-Jacques Rousseau, pendant longlcmpsencore, sinon jusqu’à la fin du monde, ^’ (ouïes les dames de France, et celles de Paris en parliculier, coiilinueronl à ne pas allailer leurs enfants. Ce sont pour la plupart d’excellentes mères de famille, irréprochables à l’endroit des mœurs, élevées dans le respect de l’opinion et la crainte du bavardage, et qui savcnl à une unité près le nombre de sourires et de valses qu’elles peuvent oser sans risquer de se compromettre. Si donc elles n’allaitent pas les héritiers que la Providence leur octroie, c’esl que toute leur bonne volonté échoue devant ces deux obstacles indépendanls l’un de l’autre : le mari et le bal.

Pour ces pauvres femmes, le monde est un despote impertinentauquel il faut obéir sous peine de voir l’ennui se glisser au sein du ménage : le bal ne souffre point de rival, et si les jeunes’mères donnaient leurlail à leurs enfants comme elles leur ont donné la vie, que deviendraient les fêtes, les parures, les danses, les concerts ? La chambre à coucher serait un cloître habité par la solitude, et nous savons beaucoup de dignitaires de l’Étal, beaucoup de satrapes de la banque , qui ne voudraient pas d’une vertu doni le premier acte .serait d’enlever au monde les chaimanles leines qui aident à leurs projets par les grâces de leur esprit ei le charme de leiu’ sourire. 37