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288 LIi PUSTILLU.N.

iwiite : la icuatc, puiiiliuii iiilligéf ail («po/i , c’est-à-dii’f au camarade convaincu d’avoir fait des rapiiorls an inaiire ; de Ini avoir appris, par exemple, par quelle ruse nouvelle l’avoine coiilinuail à se Iransformeren pirpieileau cabarel voisin. Tout le monde connaît ce genre de supplice, (|ui consiste à appliquer au coupable, sur les parlies du corps le mieux appropriées à cet effet par la nature, un nombre de coups de soulier proporlionné à la yravilé de la faute : justice expédilive , et dont les suites compromelleiil parfois la vie mOme de l’infortuné patient. Le b :ipicine esl une tout autre chose. Cette cérémonie, car c’en est .une, n’a rien i|ue de jovial et d’innocent. Elle s’adresse au novice qui parait pour la première fois dans un relais. Sont seuls exceptés les enfants de la balle, ou tils de poslillons, et le nombre en esl assez j^rand, car ce n’est pas chose rare, maij ;ré l’aiilipalhie que ces derniers on ! pour le uiariaiic, (pie de i-enconlrer deux el même trois générations attachées ; ’ ! la iiii^me poste, t’est que le métier, quoique rude, n’est pas des plus mauvais. Le vrai postillon reçoit de toutes mains : du voyageur eu posie , du courrier de malle, du conducteur, dont il seconde troj) habilemenl la fraude, de l’hôtelier, auipiel il amène des voyageurs, de son niaitre enfin, qui ne ini paye pas moins de .50 à 60 francs de gages mensuels.

Initiés dés l’enfance aux devoirs de leur profession future, ces jeunes louveteaux ont à peine atteint leur seizième année, âge de rigueur, qu’ils passent enpied, et, grâce au livret octroyé par l’autorilé municipale, acquièrent gratis, du moins aux yeux des camarades, le droit de nous verser, vous ou moi , à l’occasion. 11 n’en est pas de même à l’égard du surnuméraire auquel vont être accordés pour la piemière fois le privilège de faire connaissance avec les corvées d’écurie, et l’honneur insigne d’a|iprendre à manier la fourche à fumier. Celui-là doit subir une épreuve.

Nous allons y assister.

Au milieu de la cour, et tout à enté du puits, s’élève un tréteau de bois sur lequel une selle est posée. Recouverte de quelques iilaniiies mobiles, l’auge lui sert de piédestal ; des branches de verdure placées à l’enlniir aclièeiil la décoration , et cachent les supports du tréteau.

La posie entière est sur pied ; de nombreux speclaleurs venus du dehors ont obtenu la faveur d’être admis dans l’inlérieur de rétablissement ; les femmes surtout

— avides de spectacles à la ville , comment ne le seraient-elles pas au village .’ —les femmes sont en grand nombre ; et là, comme partout, c’est à qui sera la mieux placée. Dans cet espoir, chaque poslillon s’entend appeler de la voix la plus séduisante :

«Mon p’til m’sieu Nicolas... Mon bon |ière Oelorme... » 

Soudain nu profond silence s’élnblK. Le néophytea paru , conduit |iar le luusiic du relais, (pii lui sert de parrain ; il esl amené près de la moulure |iréparée. Là, il doit s’en/’oiirnrr dans une paire de bolles forles, botles de l’une desquelles, pour notre biiuheur passé el pour celui de nos enfanis, sorlil un joiu’ l’épisode le plus curieux de la véridique hisloire de Poucel. A peine a l-il inlniduil la seconde jambe dans sa lourde prison de cuir, ipi’on l’abandonne à lui-même. Que d’efforts ne dnil-il pas r.iire en ce mouienl pour consericr un équilibre perdu à chaque pas ! Ite lr(’liu-