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avnir un rial piOfOri- : l’ClpOra. Il eut aluis unr passion, un attaihen)cn( ^,olKlr ; ir fut un nouveau Sainl-Lanibert auprès d’une autre madame d’tloudctot. C’est lui qu’on voyait tous les malins, à cheval, sur la route de Saint-Cloud, suivi d’une calèche vide et d’un groom porteur d’un énorme bouquet ; il allait prendre la comtesse ou la marquise pour une i)ronienade au bois. A défaut d’un amour jeune et ardent, il offrait alors un amour gai, un amour si)irituel. Personne ne contait mieux l’anecdote de la veille, la nouvelle du jour. Assidu sans être importun, il savait dire des choses flatteuses sans être fade, et avait surtout l’art d’arriver et de partir : propos. Toujours heureux , toujours favorisé par les circonstances, au bout de (iuin«’ ans d’une constance à toute épreuve, d’une union que rien n’a altérée, il trouve un jour, dans le salon de cette femme aimée, une figure nouvelle : c’est un homme en habil noir, l’air timide, l’œil doux et distrait.

— Quel est ce monsieur ? demande-t-il à la maîtresse du logis. ~ Devinez.

— .le ne saurais.

— Allons donc ! J’ai eu (piarante ans le mois passé ! Vous ne devinez pas ?

— Ah ! pardon.... Votre confesseur, madame.

— Précisément.

11 est homme de goût , il a passé sa vie parmi les diplomates : cela lui suffit. A l’amour salisfait et éteint succède l’amitié, (le sont toujouis les mêmes soins, les mêmes empressements, la même assiduité ; mais l’abbé est en tiers dans sa vie, et il le (iréfere. L’abbé lui a fourni un dénoi’iment qu’il cherchait en vain depuis longtemps ; il lui a fait doubler l’éeueil où allait échouer sa fidélité mourante. Maintenant (|u’il vieillit’, qu’il n’est plus amant, et que son amie est dévote, il songe tout à fait à lui, rentre ;) ses heures, avoue la faiblesse de son eslomac, el voit souvent son médecin.

Toujours simplement vêtu, il l’est cependant avec goiit, c’est-A-dire qu’il ne suit la mode qu’avec ce tact d’un vieillard adroit (|ui veut , avant tout, éviter le ridicule ; mais, comme il a toujours aimé les chevaux et les équipages, sa voiture est du meilleur faiseur, et son attelage est le plus cher qu’ait vendu Crémieux. Il loge au faubourg Sainl-tiermain dans un vaste hôtel A qui les souvenirs historiques ne manquent pas : c’est Walleau (jui a décoré son salon ; liouchera peint le boudoir de sa fenmie ; les fantaisies, les meubles, tout chez lui est du style Pompadour. C’est son époque. — Prenez garde, vous voilà dans un fauteuil qu’a occupé Voltaire. — Cagliostro a passé deux heures dans cette bibliothèque. — Cet Espril dis lais , niagnifi(|uemenl relié, fut jadis un présent de Montesquieu lui-même. — Ici , Marmontel a lu ses Coules, et Thomas, sa Péliéidc. — Dans cette salle à m ;ingera diiié M. de Maurepas.