Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée

■Mi LE l’AlK DK FRANCE.

lant , mit ; voix qui syin|)alhise avec vos chagrins ou voire joie ; il écoule, il proniel . ou, s’il refuse, c’est avec un regret, une tristesse t|ui vous émeuvent vous-même ; vous vous relirez salisfail. Doux avec ses gens, il salue, chez lui , jusqu’à ses servantes. Louis V en usait de même avec les jardinières de Versailles. Cependant cette douceur de mœurs n’est pas complète , cette aménité de caractère a ses mauvais jours ; un monsire a le funeste privilège de changer son humeur et d’altérer son sang : c’est la répidjliqiie. A ce nom seul , ses yeux s’arment de sévéïilé , son front se plisse, le sourire s’efface de ses lèvres , il détourne la tète avec effroi ; à son imagination irritée se peignent toutes les horreurs de 93, toutes les tueries de septembre ; la Saint-Barthélémy n’est rien auprès des images sanglantes qui l’épouvantent. Il est encore ri comprendre comment de 90 A 1805 la France ne s’est pas abîmée siius ses propres ruines, il secoue alors ces souvenirs , et reporte sa pensée sur les temps antérieurs à la révolution ; il fait ainsi fuir de sombres images , car il est le premier homme du monxle sur la chronologie scandaleuse de l’histoire de France : depuis la mort du régent jusqu’au |iarlement Maupeou , il en remontrerait aux faiseurs de mémoires. .Son graiid-pt’re , en effet , a vu l’aurore du règne de Louis XV ; son père en a vu le déclin. Madame de Pompadour n’a pas dit un mot qu’il ne connaisse ; madame Du Barry n’a pas f.iil une folie qui ne soit enregistrée dans sa mémoire. Il sait l’éliquetlc de la cour , l’ancienne et la nouvelle ; il vous racontera les chasses du roi. Tout enfant , il a vu Saint-Oorges. .’■on père était lié avec le vicomte de Barras ; M. de Barras ! bon gentilhomme d’une noblesse aussi ancienne (|ue les rochers de la Provence , homme d’esprit et de courage, mais qui pensait mal. L" ! , il .s’arrête, il trace une ligne : de Barras, il passe sans transition ; 1 Louis XVIIL Toute la gloire de l’empire le louche peu , ou , pour mieux dire , cette gloire l’importune ; elle dérange ses idées de noblesse et de gentilhommerie ; il éprouve un certain dépit de tous ces hauts faits contemporains , de ces forlunes militaires conquises par des hommes du peuple ; il acceplerait bien les batailles, mais elles ont le lort de n’avoir pas éié conduites et gagnées par des gentilshommes C’est une faiblesse (|u’il reeonnail et dont il ne peul se défendre. Il croit fermement A une arisiocratie de race, A des différences physi(|ues de castes. Selon lui , t|uekpie chose d’extpiis distingue la noblesse de la bourgeoisie et du jieuple : c’est la finesse de la peau, ou la sensibilité des nerfs, ou la forme des traits ; sur l’aspect de la main, il nomme la duchesse, la femme de l’avocat ou la simple griselte. Pour soutenir celle théorie , il a ses autorités : lord Byron , Walpole et d’Aubigné. .moureux de Voltaire , comme les marquis du dix-huitième siècle , il cite volontiers ce vers d’une de ses tragédies :

Ceux que le ciel forma il’iiiip race si pure...

El ceux-là , ce sont surtout lui et les siens. H n’échangerait pas son arbre généalogique contre un Raphaël. Couleur aimable, il a acquis dans ce genre difficile une réputation d’esprit. Les anecdidesdu règne de Louis XVIII sont celles (pi’il di( le mieux. Il élail jeune alors ; il fusait partie de la maison rouge. Sans élre précisémeni gasirononie,