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1,1. l’Ai H hv. vwc.y.. 26 :j

très duianl la session. Kn effet, (|uoiqiî’ii paraisse ix’u ;V la liibuiie, il fait partit’ de la cominlssion chnij^t’e de rexanien des projets de loi d’intérêts locaux : le rappoit Cbl favorable, et la Chambre adopte. Il est vrai que le eliemiii icinal loii ;;e ses i)roi)rlétés, et en augmente la valeur, ipie le pont conduit A son avenue, et que l’iusliluteur primaire est son protéiîé : n)ais le département , la ccniniune, ncn ont pas moins vu leurs vœux s’aeeomplir : il a tenu sa promesse , et ce n’est pas sa faute s’il est î ;rand propriétaire. .Mors son influenee s’accroit, son aristocratie devient po])ulairc ; on ne dit plus monsieur le comte . monsieur le marfpiis , ou monsieur le duc un tel ; mais monsieur le comte, monsieur le marquis, monsieur le duc tout court : cela s’eiileinl , on sait ce que cela veut dire. C’est ainsi que revient peu ;’i peu rintluence seiijneuiiale de 1780 ; la forme change, le fait demeure le même ; c’est un fleuve détourné qui rentre dans son lit doucement, sans arracher ses bords, et par la force des choses. Viennent les élections, il est une puissance, puissance amie qui serre aff^’clueusement la main que lui tend le pouvoir. La session commence, et, tandis <|u’il va siéyer à la Chambre haute, son fils aîné est , par le choix des électeurs de son déi)arlemenl, envoyé à la Chambre élective. Le ministre de Tintérieur, alors, ne (leut pas fiiire moins que de donner une sous-préfecture à sou second tils , tandis que le troisième , lieul< liant de cavalerie, est tout à coup distingué par le ministre de la guerre, et n’a qu’un temps de galop ; faire pour passer sur le ventre de ses camarades, et devenir eaidtaine Un autre intriguerait pour conquérir ou pour garder cette position ; il sullicilerait ces faveurs, cet établissement complet de sa famille ; lui ne s’en mcle pas : il a un beau nom, il est pair, il est riche ; tout vient A lui, parce que tout doit y venir. Le trait distinetif de son caractère, c’est l’indifférence. Il n’est point ambitieux. Que peut-il désirer, en effet ? Une préfecture ? Ce serait sacrifier son repos sans augmenter sa valeur l)ersonnelle. Il ne s’est rallié, d’ailleurs, que pour ne pas nuire à la fortune de ses enfants , tout en gardant la liberté de ses allures ; s’il acceptait un emploi , il compromettrait un avenir incertain , il est vrai, mahposiililc. Il obéit ainsi ; un de ces adages : tout est possible... Il a l’ignorance tinancière d’un bon gentilhomme : une recette générale ne lui convient donc pas. Reste un ministère ; mais il est trop honmie du monde pour s’asseoir sur ce banc de douleur qui eul des athlètes, plus vigoureux ; trop ennemi de la fatigue et du travail pour s’atteler ii ce collier de misères ; très-répandu dans les salons , il est ;’i peu près inconnu A la Chambre élective ; sans connaissances positives, le commerce, l’industrie, la navigation, la guerre, rien de tout cela ne lui est précisément étranger ; depuis vingt ans il en entend parler tous les jours , mais tout cela lui est inconnu ; il n’en sait ni la marche, ni les écueils ; enfin , il n’est pas orateur : la tribune lui inspire une répulsion native, une terreur muette ; sa gorge se resserre à la vue de nos rostres de marbre ou d’acajou. Xe demandant rien , promenant sur tout un œil dédaigneux , il n’est donc un danger pour personne, tandis qu’il est un protecteur pour l)eaucoup, et qu’il peut être un aide pour tous. La Bruyère dit que les courtisans sont, comme les marbres des palais, durs e ! polis. Nous ne pensotjs pas qu’un des types distincts de la figure que nous présentons ici soit la dureté ; mais , A coup siir, c’est la politesse : elle est un de ses signes particuliers , un de ses attributs. Voyez-le : il a l’œil calme cl doux, le souiiie bieiiM’il-