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LA FKM.VIK SANS NOM. 2r.5

M :iri«’llt’ Mibil le mhI de loiitrs lo ^nllm(■^, mi’iiic ilc cfllcs qui iIcsitikIciiI dans la lue : ccllo-là au^^i , au uiilii’ii iW Icins plus (5rauil> (Irrrislciucnls. mpuI coMdauiiitVs A chercher l’aninui • ; elles eu ileinauileiit à ecu (|ui peuveut ieiu- eu douner. Leurs amants soni des

leurs ; el i|ui diuie serail-ee, siuuu eeux que la soeiélé proserll eiiiuuie elles ? Croyez-vuus que le eliealler Desjjrieux eût eoiilinui’ il aiuier Maiiiiu Lrseaul si, au lieu de la renfermer ft l’hôpilal , on lui eût donné tout d’abord la carie <le la police ! On s’est souvent demandi’ eoninient il se faisait que des femmes pusscui ainu’r eeux (|ui les ruiuaieul ainsi , (|ui les accablaient d’invectives, i[ui les uiemltissaienl de coiq)s. L’amnur ne meurt jamais lians le ea’ur d’une feunne, mais il se dél )rae. Celles dont nous parlons sont si souvent mépriste qu’elles rct ;reltenl de n’iHre pas niallrailces : pour elles , la passion ne se formule plus dans un baiser, mais dans une contusion. D’ailleurs, cliac un ainu" A sa manière. Les amours du tii ;rç ne resseml )lent pas A celles de la colombe.

Pour s’expliquer jusqu’à un certain iioint la dégradation de Mariette, il faut envisager les progrès (pi’a faits la démoralisation A notre époque. De nos jours, par exemple, le vol a pris des allures spirituelles, (|ue disons-nous, le vol ? l’assassinai lui-même s’est humanisé. Continent voulez-vous que des femmes, et surtout des femmes avilies, aient peur <i’un homme qui est gai, content, sans souci, (|ui sait se composer un costume pittoresque avec des haillons, qui est au courant de tout, de la politi((ue, de la littérature et des pièces nouvelles ? Laeenaire, le soir même de son crime, fut se distraire un instant aux Variétés ; il aurait pu tout aussi bien écrire des vers légers pour sa maîtresse. Malheureusement Laeenaire n’aimait pas les femmes. Depuis ([ue le remords a été destitué, la justice n’a plus qu’une pourvoyeuse active : c’est la jalousie. Une trahison qui répond A une autre trahison, c’est l’histoire ordinaire de la jalousie qui se. venge. Dans ce monde impur des forçats et des prostituées, la passion exerce ses ravages comme partout ailleurs. L : on n’a qu’une seule manière de se venger : c’est d’aller révéler le secret d’une complicité terrible à la police. La prison vous débarrasse d’un rival et punit une infidèle. Sans ce contre-|)oids nécessaire, la sécurité publique serait gravement compromise ; si les vingt-quatrr nulle forçats libérés , qui vivent tous d’une industrie plus ou moins coupable, n’avaient chacun une maîtresse, il serait impossible d’habiter Paris. .Mais le moment est arrivé où Mariette va être obligée de donner des preuves véritables de son amour. Crochard a (Jté arrrété, Crochard est en prison sous le poids d’une accusation de vol ; il est soumis au dur régime des détenus, il n’a que le pain noir et l’eau claire de la geôle pour toute nourriture et pour toute boisson. Le cieur de Mariette saigne : elle redouble d’activité, de travail, d’abnégation. Parées terribles soirs d’hiver pendant les(iuels on dit que les chiens mêmes ne sortent pas, elle descend dans la rue, elle reçoit la pluie sans s’en apercevoir ; le froid passe sur, elle sans l’atteindre. Elle attend ainsi, pendant des heures entières, l’aumône aléatoire de la débauche. Si la soirée a été bonne, vous la verrez passer le lendemain de grand matin , dans la tenue d’une grisette (|ui se rend A l’ouvrage. Ne la regarde/. ])as, c<’lte femme, qui le soir regarde tout le monde : elle rougirait, soyez-en silr, car elle va commetlre une bonne action ; elle court consacrer son gain de la veille au soulage-