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L’AMI DKS AIITISTKS.

m l’A INI» iKius t’Iiolis tous deux petits Ocoliers au oillogi’ di’ /"~Poligny , mon ami Badoulot était d’une paresse admirable ; rependant les professeurs ne le punissaient guère, Jcar il savait leur rendre une foule de petits services, tels que rapporter un mouchoir ou une tabatière oubliés, ^mettre du bois au poêle, et tendre au maître, ft l’heure des classes, chaque livre ouvert ; l’endroit de la leçon. Sans cesse au dernier rang, aux jeux comme aux études, il jasait fort bien sur toute chose et n’en pratiquait aucune.

Les deux élèves pourvus de la dignité d’enfants de chœur étaient jiour lui l’objel d’une attention spéciale, et quand ils étaient revêtus de la robe et du surplis, il ne les pouvait quitter. S’il passait un régiment par la ville, il était curieux de le voir défiler. Mais ce spectacle produisait sur lui un autre effet que sur nous. Vn bataillon de la garde, traversant un jeudi la rue du collège, causait dans nos goûts, dans nos plaisirs , une révolution qui durait plusieurs semaines ; l’allure de la maison était tout A fait modifiée, et cette secousse était appréciable sur les murailles même où des sabres en croix , des guerriers à moustaches, charbonnés ç ; et l ;ï , remplaçaient les abbés joufflus coiffés de bonnets coniques, que nous y esquissions auparavant, semblables à des potirons surmontés d’un cornet de trictrac ; parfois même quelque main timide ébauchait d’un fusin séditieux /« pgiirc duclmpeau de l’usitrpalcur. On usait alors aussi beaucoup de papier ; construire des chapeaux ;> trois cornes, et une forêt de manches ; balais pour en faire des sabres. Toute une division s’enrégimentait ; elle nommait ses capitaines, son général, et l’esprit d’imitation transformait la pension en caserne. Badoulot ne s’enrôlait jamais, ou bien il restait soldat 30