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22i Lli Cil ASSKLlî.

comme Ki«aio : « Qui sail si le Tiiondt’ ihiieia emoie liois sfinaiiics. » S’il est cliasseur épicier llibustier , sa ilépeiisc n’etaul pas bien grande, il se contentera de peu de chose ; mais s’il cliange ce dernier titre en celui d’actionnaire, s’il a payé poni s’amuser, oli ! alors, le démon de lavai ice, le démon de la cupidité ^e joignant au démon de la citasse, vont tellement liouleverser le co’Ui et la tête de ce pauvre diable , qu’il sera toute la journée dans le plus violent étal d’evallation fébrile, desurexcitation nerveuse.

Le jour de l’ouverture, le gibier subit une liausse de cent pour cent : pinson eu tue, plus ou en vend. L’homme qui, dès le matin , a quitté sa maison avant l’aurore, rentrant le soir éreinté, affamé, ne peut pas décemment levenir les mains vide>;on lui dirait en ricanant :» Il valait bien la peine de se lever si matin ! » Or, tout chasseur ([ui ce jour-la possède .5 francs rapporte dans son ménage au moins deux perdreaux ; il a tué quelques tuoiiieaux sur les ormes des boulevards extérieurs, il les présente comme accessoires ; il a tué deux pigeons bisets, il les décore du titre de ramiers. Oh ! s’il avait rencontré quelque petit cochon noir, avecquel plaisii il offrii.iit a sonépousc un beau marcassin ! Il faut bien des peidreaux pour lester les carnassières de tous ces braves gens : aussi les aubergistes des barri’ères qui font le commerce du gibier gagnent autant sur les lièvres et les perdreaux que sur l’eau liansloi niee en vin. Ils sont les entreposeurs des braconnieis ; lorsque le beau monsieui en lilbui y se présentera, un petit gamin ira lui dire a l’oreille : « J’ai deux lièvr-es, trois faisans, dix perdreaux à vous offrir ; c’est ça qui ligurerait bien sur le garde-crotte.» So^ez certain que les cordons de la bourse ne liendr’onl pas contre une si belle proposition ; car Chevet est excellent pour le leirdemairr , quand il s’agira de faire des errvois aux dames ; mais en arrivant il est esseirtiel de pouvoir montrer quelque chose. J’oubliais lechasseur théoricieu. C’est une espèce à part ; celui-là ne fait point de mal au gibier, car il ne cirasse jamais. Cependant il a chassé jadis et se pi’opose de chasser un jour ; en attendant , il parle chasse loure la journée. Médecin , avocat , rrotaire, courtier de commerce, commissaire-priseur, il préfère Lu Touilloux à llippocrate, ^alnove ’a Barthole, D’Yauville à Barèrrre. Si vous entamez le cirapitre des armes "a feu il vous détaillera tous les syslémes ; chaque arrnée, en voyant les perfectionneiDents nouveaux, il se félicite de n’avoir poirrt encore acheté de fusil. Le chasseur théoricien vous dira le jour lixe où commence le passage des cailles, des ca nards , des bécassines ; si vous tuez un de ces oiseaux avant l’heure prédite, gardez le secret, vous lui feriez un rrotable chagrin. Mais c’est surtout en lait de législation qu’il brille ; pour empêcher le bracoilrrage il a trente projets de lui dans sa poche ; méliez-vous de lui s’il aborde cette matière, il va vous lire toirt son répertoire. J’y lus pris un joirr, moi ijui vous parle ; mais après avoir- essuyé la première bordée, j’interrompis mon honime ;« Idus les chasseurs sont jaloux, Inidis-je ; la pièce de gibier qu’ils ne tuent pas est urr vol «iju’ on leur fait : demandez-leur une loi, ils l’auront bientôt rédigée ; la voici :

Il Article umque. La chasse est défendue "a tout le monde, excepté ;i (mettre ici le nom du législateur). »

Élzéar Blaxe.