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■J2(l LE (’. HASSKIJH.

Apiès (’(Mix-i ;! vioiii la loule des cliassoiirs flibiisliers, pirates des hoi’i, ét’timeiirs lie la plaine ; ils roiinirnienl d’acheter le droit de tuer un perdreau. Ils partent sans savoir où ils iront ; connaissant le pays a dix lieues a la ronde, ils évitent les gardes autant qu’ils peuvent le faire. Si par hasard ils sont pris en flagrant délit, cela ne les inquièle point : doués d’un jarri-t de fer, ils inardienl , ils marchent, et délient leurs ennemis de les suivre. Proposez îi ces messieuis <le prendre une action dans votre chasse, ils ons riront au nez. I ii d’eux mo disait : « Si je chassais sur mes terres, je n’aurais pas la uioiliédu plaisii- que j’éprouve chez le voisin. La crainte du garde me fouette le sang, il me faut des émotions, el pour eu avoir davantage. Il est prolialilecpie l’année prochaine je ne prendrai point de port d’armes ; alors il faudra que l’évile le j ;arde particulier, le garde champêtre et la gendarmerie. Ce sera heaucoup plus amusant. »

Pain (|u’on ilérolK’ el qu’on mange eiiracliette

Vaut iiiieiix que pain qu’on cuit nu qu’on achète.

Ces chasseurs flihusliers ont assez beau jeu les jours douverlure. Dans chaque village il existe une certaine quantité de pièces de terre apparlenant ’a des paysans qui permettent au premier venu d’y chasser. Pendant que les actionnaires de la chasse voisine font feu de tribord et de bâbord , le gibier épouvante se réfugie dans les luzernes, dans les betteraves, situées près des habitations, et la récolle des flibustiers es( quelquefois assez bonne Si le garde et ses maîlres s’éloignent, eux se rapprochent , ils accourent dans les champs qu’on vient de quiller ; et souvent leur glanage vaut mieux que la moisson des antres. J’en connais qui ont un gamin en sentinelle avancée pour les prévenir du retour du garde ; j’en connais d’aulres qui porlent une liMictle dans leur carnassière , et de temps en temps ils s’assurent que l’enneiui ne vient pas les surprendre. J’en ai vu qui portaient une blouse blanche en dedans, bleue en dehors ; le garde poursuit un chasseur bleu , celui-ci marche vers le bois, là comme derrière une coulisse, il change de costume en lelournant sa blouse, et (piaud le garde arrive il paraît vêtu de blanc avec .son fusil en bandonlièr’e, désarmé, ilans une position inoffensive. «Ah parbleu ! dit-il , si vous courez a|)rès ce chasseur bleu qui vient de passer , vous l’attraperez bientôt , il a l’air fatigué : doublez le pas , il sera pris. « Ces flibustiers savent le nombre et le signalement des actionnaires, le lieu et l’heure de leui- déjeuner, et comme tous les gardes possibles sont d’une exactitude remarquable h se trouver Ta où l’on mange, ils ont, pendant une heure, la facilité de tailli-r en plein drap. Quelquefois ils lirent au sort ;i qui fera marcher le garde ; pendani que l’un d’eux opère une utile diversion en se laissant poursuivre, lesautres altafiuant du côté opposé tuent tout ce qu’ils rencontrent. Voila de la stratégie cynégétique.

Dans les environs de Paris , toutes les propriétés sont gardées, quant ’a la chasse ; du moment que vous êtes sorti d’un rayon de vingt lieues, vous rencontrez des plaines que tout le monde peut traverser le fusil h la main. Elles sont exploitées par les chasseurs voyageurs. Pendant le mois de septembre, montez le samedi dans une diligence de Chartres, d’Orléans, de Sens, etc., vous vous trouveiezavecipiinze