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LK CHASSIILK. -il’»

lie Louis XIV : ollrs n’en sont i|iie ri. ;nol)lc carirature. Mais <iu’i !ii|iorle.’ cela cloiine l’occiisidii (le parler de sa meule en laisaiil des repolis , de mêler ses piijueurs dans les veilles h primes, ses limiers dans celles auconiplanl, d’aNoii- toujours en liouiln les cerfs, les loups et les sanj-lieis, lam^a’^e éniinement ai istocialii|iie admire di> tous ceux (|ui l’écoutenl. Les boutiiiuiers louent une l’eruie et, trauL-liant du genlil homme campagnard, ils aquiércnl ainsi le droit de dire : « Ma chasse, mon garde . mes perdreaux.» Voyez le pro ;;rés des lumières : autrefois on réunissait des capitaux pour faire une opération commerciale, aujourd’hui on s’associe pour depenseï l’argent qu’on a gagné. La permission de courir la plaine et les bois est mise en actions comme une houillère, comme une exploitation de bitume. Ces actions se divisent i|uelqiiefois en coupons pour un jour , et peut-être plus lard seront-elles subdivisées en un certain nombre de coups de fusil. L’n grand piopriéiaire, voyant la manie cynégétique de ses contemporains, a eu l’heureuse idée de pei mettre la chasse, cliej ! lui , moyennant une contribution graduée qui se combine fort bien avec ses inlérèls. On paie 3 francs pour coniir dans sa plaine, et 10 francs pour cntrei dans son parc , ensuite la bagatelle de 20 sous pour cliai|ue coup de fusil que ron lire. Si la pièce est tuée, on demande au chasseur 30 centimes de plus, que dans l’ivresse du succès il ne peut pas décemment refuser ; et puis, s’il veut emporlersongibiei-, le gaideexliibe un nouveautarif ; 10 francs pourun faisan, ofrancs pour un lièvre, -<0 sous pour un perdreau , etc. Ce digue homme entend fort bien la spéculation. Cela me rappelle l’histoire d’un usurier qui dit à sa femme ; « Un lel va venir, je lui prête 1000 francs ; mais, comme je prélève les intérêts composés, voilà 500 francs que tu lui remettras eu échange de son billet payable dans deux ans. — Imbécile, répondit-elle, et pourquoi ne les lui piêtes-tn pas pour quatre ans, tu n’aurais rien à débourser’ ? »

Ces actions de chasse changent souvent de inailre. .Vujourd’bni on est chasseur, deiuain ou ne l’est plus. Pourquoi ? direz-vous. Parce que les combinaisons de la banque, le jeu de la bourse ou le commerce des pruneaux ont amené cei laines phases imprévues ; il faut diminuer les dépenses poui établir une juste compensation :

les actions a vendre sont anuoncées dans les journaux, coté, s comme celles 

des chemins de fer, on les colporte, elles subissent la hausse et la baisse ; "a la lin du mois, quand vient le jour fatal de la liquidation, ceux (|iii perdent les cèdeiii au.x heureux vainqueurs, cela seit’a faire l’appoint d’un paiement. L’inccriilude oii l’on est de conserver longtemps cette chasse louée cause la mort de bien des lièvres. Chacun tue toujours (ont ce qu’il peut tuer, c Pourquoi laissciais-je quelque chose à mon successeur’ :' « Voil’a se qu’on se dit , et on imite les commis voyageurs mangeant "a table d’hôte : ils se donnent des indigestions pour que le diner leur coûte moins cher.

Outre les chasseurs propriétaires et les chasseurs locataires, il existe la classe des chasseurs permissionnaires. Ceux-I’a connaissent beaucoup de monde , ils ont des amis partout, ils se font inviter, et, sans bourse délier, ils pienuent leur part d’un plaisir que les autres paient. Ce sont les parasites de la chasse. Ordir airemeiil il tirent bien . tuent beaucoup, et dinent éiinriiiémenl.