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(|iril (lonno aux pnssaiils, il se li’ vole à lui-mèmo. Mais i|iini(|iie vous outriez pour II’ (loraiiger, pour lu incdreà cnnlrilnitioii, ilost ccrlaiii (pi’il vous saluera ; il vous marquera uièmeile ("intérêt, si l’eulreticn dépasse une simple interregalioii et tourne àlaconfideuee. Vous trouveriez plus faeileinentunefemmemal faite qu’un épicier sans politesse. Retenez cet axiome, répétez-le pour coutre-balancer d’étranges calomnies. Du haut de leur fausse grandeur, de leur implacalde intelligence ou de leurs barbes arlistement taillées, quelques gens ont osé dire /îaca/ à l’épicier. Ils ont fait de son nom un mot, une opinion, une chose, un système, une figure européenne el eiicyclopi’di(pie coiume sa boutique. On ci’ie : Vous êtes des épiciers ! pour dire une infiniti’ d’injures. Il est temps d’eu linir avec ces Itiocir’lieiis de l’épicerie. Que blàme-t-on chez l’épicier’ ? Est-ce son [)aula !on |dus ou moins brun rouge, verdàtre ou chocolat ? ses bas bleus dans des chaussons, sa casquelle de fausse loutre garnii ; d’un galon d’argent vei’di ou d’or noirci, son tablier à pointe triangulaire ai’rivant au diaphragme ? Mais pouvez-vous punir en Ini, vile société sans aristocratie et qui travaillez comme des fourmis, l’estimable symbole du travail ? Serait-ce qu’un épicier est censé ne pas penser le moins du monde, ignorer les arts, la littiiatureet la politique et qui donc ji engouffré les éditions de Voltaire et de Rousseau ? ipii <lonc achél( ! Souvenirs cl Rcçjrcts de Diihufe ? qui a usé la planche du Soldai laboitreiir, dn Convoi du pauvre, celle de VAllariue de la liarricre de Clkhy’t i(ui pleure aux mélodrames ? qui prend au sérieux la Légion d’honneur ? (pii devient actionnaire des entreprises impossibles’/ (pii voyez-vous aux premières galeries de l’Opéra-Comi (pie (piand on joue Adolphe cl Clam ou les Rendez-vous bourçieoisy (|ui hésite à se m(Uu :heran’rhéâtre-Fraiicais(puind on chante ChaUcrlon ? (pii lit Paul de Kock ? (pii coiu’l voir et admirer le Musée de Versailles ? qui a fait le succès du l’osiillon de Longjnweaa ? (pii achète les pendules à mameluks pleurant leur coursier ? qui nomme les plus dangereux députés de l’opposition, et (pii appuie les mesures éneri ; iqnes du pouvoir contre les perturbateurs ? L’é|)ic,ier, l’épicier, toujours l’épicier ! Vous le trouvez l’arme an bras sur le seuil de toutes les nécessités, même les plus contraires, comme il est sur le pas de sa porte, ne comprenant pas toujours ce qui se passe, mais appuyant tout par son silence, par son travail, par S(M1 immobilité, par son argent ! Si nous ne sommes pas devenus sauvages. Espagnols ou saint-simoniens, rendez-en grâce à la grande armée des épiciers. Elle a tout maintenu. Peutêtre inaintiendra-t-elle l’un comme l’autre, la réi)ubli(puî comme l’empire, la légitimité comme la nouvelle dynastie : mais certes elle maiutieuilra Mainleuiresl sa devise. Si elle ne maintenait pas un ordre social (luelconipie, à ipii veiulrait-elle ? L’épicier est la chose jugée qui s’avance on se retire, parle ou se lait aux jours de grandes crises. Ne l’admirez-vous ]ias dans sa foi pour les niaiseries consacrées ! Empêchez-le de se porter en foule an tableau de Jeanne (ii’ay, de doter les enfants du général Foy, de souscrire pour le (ibamp-d’Asile, de se ruer sin- l’asphalte, de demander la translation des cendres de Napoh’ou, d’habiller son enfant en lancier |)olonais, on en aniUeur de la garde nationale, selon la circonstance. Tu l’essaierais en vain, fanfaron Journalisme, toi qui, le premier, inclines plume et presse à scm aspect, Ini soiuis, el lui tends incessannnent la chatière de Ion abonnement !