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I, M I I lll’.SSK l»l". lAlU.i : Il MOT K. 215

(loniiiv . h la nittiitio <ln iiiaîlri’ do coaiis. Or, i-sxc ^i’iM-,i la iiioiHi c d’ini dii (’(ii’iii de laMcdMiolorotardoloujouis d’une (leini-liouic. — Avcclciiiiaild’li(Miicdc^iàco,rt’la fait près d’une home onlièie ; pendant ce temps, le potage peut se refioiilir et le fiifsoi lirûler ; mais les consdiniiialoiiis anivonl, la lalilo se ^ainil, el la reoello est sanvi’o ! Ce monsieur placé au contre <lo la laide, oarréniont pose sur sa base, cdillo d’un lioiinet urec légèrement incliné sur l’oreille i ;aiiclie, couvert d’une vosie ronde, c’esl M. Simon, le maître du loi ;is. Son o’il piano avec aulorilo sur celle loide de lôlos incliiioos, landisi|u’il dislrilmeà droite et’a i ;au(lie le polaire encore lumanl. M. Simon ne parle suore que poui- doiiiior des ordres ; sa parole est grave et son Ion assuré. Sa ligure exprime le senlimonl «le la dignilé personnelle et de la liaule rcsponsaiiililo <|ui pose sur lui. Dans les inloi^allos du service, il se mêle (luolipiofois à la conversatioii de .ses voisins, tout en suivant de l’œil les différents mouvements des consommalenrs. Il apaise les méconlenis par un sourire, calme leur ardeur iiiipalienle, e| gourmande du goslo ol de la voix la lonlour Ac la ciiisiniore. M.Simon possède éidemiuenl l’usage du commandement ; il y a un sang-froid imposant dans toute sa personne, el nno précision admiiahle dans ses moindres mouvomenis. M. Simon a élé iidaillililenionl sons-lieulenani, cliof d’oiclieslre on condnclour de diligences. Madame Simon est celle polile lomnio vive, niaigio el aierle, que vous voyez vol tiger incessamment auiourde la talile etde la lahlo ii la cuisine. Ses cheveux gris oui pu être, il y a vingl-ciii<| ans, d’un blond charmant ; sa taille a peut-être été ronde cl souple ; lien n’empêche de croire (ju’il y eûl des roses sur ses joues, et je ne paiio rais pas que ses petits yeux n’aient excité plus d’un incendie <^>uoi qu’il en soit, madame Simon semble ma relier incessamment sur des charbons ardents : ses mouvements sont saccadés, ses gestes pointus, et ses formes se dessinent à angles aigus sous sa robe étroite et courte. L’iiiqiatience et la contrainte se révèlent dans l’obliquité iiabituelle de son regard ; il y a de l’amertume dans son sourire et une colère étouffée sous la cornée jaunâtre de ses yeux ronds. Elle répond d’une voix aigre-douce aux diverses réclamations qu’on lui adresse, et sendile vouloir ressaisir avec ses doigts crispés les suppléments gratuits qu’elle se voit forcée d’apporter aux estomacs récalcitrants. Il y a do la vieille demoiselle dans toute sa personne, et la matière d’un procès on séparation ilans les regards tristes et langoureux qu’elle adresse à son raari. Au point de vue |)hysiologique, madame Simon est un sujet éminemment bilioso-nervoux. — Je ne c(mipreiuls |)as M. Sinnui. Considérée sous le rapport de sa position industrielle, madame Simon est une femme précieuse. Elle ordonne l’invariablo menu, surveille la disposition du couvert, la confection du pot-au-feu, et recueille, entre le gigot et la salade, le tribut accoutumé dos convives. Elle a, pour cette dernière opération, une formule qui fait Iwaucoup d’honneur h sa politesse, sinon "a son imaginative. A mesure qu’elle va décrivant autour de la table son ellipse journalière, elle frappe successivement et légèrement sur l’épaule de chaque convive inaltentif. et lui dit, tendant la main et adoucissant sa voix : Monsieur, je eominenee jmr vous. — Et, à chaque station, comme une quêteuse bien apprise, elle sourit de la même manière, et répote avec la même inflexion ciressanle, l’éleruel et fatal : Mousieur. je eommevce par vous