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a lieaiicoup oliseivo et Ihmir’oup appris ; clic possède plusieurs langues, a éUidic ii fond les iii(curs di’ plusieurs peuples, el eounail le ereur iiuinaiu coiuine uu livre lon^lenips leuillelé. Sa verlu aélé soumise îi liieu des épreuves el sa desliuéc unie ii bien des destinées. Elle a descendu une grande partie du (leuved( !la vie en compagnie d’uu nomlire inlini de passagers conipalissauls et de pilotes généreux. Après avoir vu, à l’âge de I" ans, s’éteindre dans ses liras une des plus vieilles gloires de l’empire, elle s’attacha ;i la l’ortune d’un jeune lord (|ui remuienasuceessivenientii Londres, il Florence, à Vienne, en Russie, où il la laissa, sur les bords <le la mer Noire, ainsi que ses chevaux et ses équipages, entre les mains d’une baudo de cosaques irréguliers. Ceux-ci la veuilireni ii un juif qui la revendit il un Turc, lequel la céda au <ley d’Alger, qui l’anieua avec lui il l’aris eu I 851 . C’est alors qu’elle établit, dans le plus beau quartier de la capitale, plusieurs riches magasins avec les châles, les étoffes damassées, les parfums et les bijoux qu.i le dey ne lui avait i>as donnés. Ihi jeune commis, à qui elle avait livré son cœur et ses marchandises, tiahit l’un et vendit les autres, sous prétexte de venger le dey qui n’en sut jamais rien. Madaïue Marlin entra alors en relation d’amitié avec une société de femmes aimables (pii l’engagèrent it fonder une table d’iiole, sur un bon pied, avec les débris sauvés de ce grand naufrage, en lui offrant, comme mise do fonds a l’usage des consommateurs émérites, leur habileté éprouvée et leurs agréments incontestables.

Madame Martin n’est pas seulement une femme habile, c’est encore une respectable dame parée, a la mauièie de la vertueuse Cornélic, d’une charmante fille discrètement élevée hors du toitmaternel dont elle ne peut franchir leseuil qu’aux jours et heures indiqués par la prévoyance et la sagesse de sa mère. Ces jours-lii, le salon de madame Martin réunit l’élite des consommateurs ; les femmes sont, a la vérité, rares, presque laides et mal mises, mais les liouimes accomplis sous le rapport de l’âge el de la forlune. Alademoisclle Marliu, grande brune de 17 ans, qui danse la cachucha h sa pension el rédige la correspondance secrète de ses petites amies, fait ici une véritable entrée de pensionnaire ; elle a les yeux baissés, l’air candide. Les compliments et les exclamations un peu vives, qui saluent son apparition toujours inattendue, lui causent un charmant einbairas, et elle court se cacher dans les bras de sa mère avec un senlimenlde pudeur virginale qui ravit d’admiration les s|>ectateurs les plus expérimentés.

Parmi eux se trouve toujours uu homme d’une cinquantaine d’années, cité pour sa fortune et sa libéralité. Ce monsieur est généialement <lésigné parmi les habitués sous le nom de protecteur. C’est ’a lui que madame Martin se hâte de présenter sa Mlle. La jeune personne, paternellement baisée au front, après avoir convcnablemeni rougi et fort gentiment joué le premier acte de sou lôle, prélude au secoml sursoit piano et chante, d’une voix de contralto adoucie, la romance du Saule on Fleur des champs. Ensuite vient la scène des espiègleries enfantines, des agaceries innocentes, des bouderies charmantes, des naïvetés délicieuses Après (juoi la débutante salue la compagnie et retourne au couvent, en alteiidaiitque son protecteur juge à propos de l’en faire sortir déhnitivemeut.

Il y a bien aussi, près de la respectable mère, un monsieur qui pourrait, au be-