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Lii loiiii u h’ KO m : es.

Arrivons uiaiiilenaiil H lu partie morale du je» il serait ii désirer (|ue la science <le récliiquier fût cultivée dans les collèges, où nous apprenons tant de choses fastidieuses qui l’unuient l’enfant et ne servent pas a l’homme. Il y a au fond du jeu d’échecs une piiilosophie pratique merveilleuse. Noire vie est un duel perpétuel entre nous et le sort. Le globe est un échiquier sur lequel nous poussons nos pièces,

SOuvenl au hasard, contre un destin plus intellientqiie

nous, qui nous mate à chaque pas. Ile là tant de fautes, lanl de «anches combinaisons, tant de coups faux ! Celui qui. de bonne heure, a façonné son esprit aux calculs matériels de l’échi- (|uier, a contracté a son insu des habitudes de prudence qui dépasseront l’horizon des cases. A force de se tenir en garde contre des pièges innocents tendus par des simulacres de bois, on continue dans le monde cette lactique de bon sens et de perspicacité défensive. La vie devient alors une grande partie d’échecs, où l’on ne voit, à tous les lointains, que des fous (pii médileni despointesconire voire sécurité. Tout homme qui vous aborde est ime pïecc ou un jiiou ; alors, on le sonde, on le devine, et on manœuvre en conséquence. Il ne faut pointcraindre toutefois que celte tension continuelle d’esprit ne dégénère en manie et ne préoccupe les facnllés, au point d’altérer la sérénité de l’âme. Les joueurs d’échecs sont des gens fort aimables et fort gais ; M. de Labourdonnais, homme d’esprit charmant, fait sa paiiieen seraaiil autour de lui les bous mots et les Joyeuses saillies, ce qui ne le détourne jamais d’un coup de mat. Ainsi, grâce "a l’habitude, l’homme se fait une seconde nature de la ciiml)inaison perpétuelle ; il ne sent même pas fonctionner en lui ce mécanisme d’intelligence qui ne s’arrête jamais ; les ressorts mis en Jeu par une première impulsion le servent ’a son insu et sans l’ordre de sa volonté. Combien de joueurs d’échecs se sont tiiés dans le monde d’une mauvaise position, par d’habiles calculs, sans se douter qu’ils dussent leur science de conduite an culte de la combinaison ! ^jjjjp Puissent nos réilexions augmenter la congrégation déjà si nombreuse des fidèles de l’échiquier ! ■ Il y aura moins d’ennuis dans les cercles, et moins "Tî.,^ ;^^^^ de fautes d.iiis l’univers. "r^ ?

MÉRT.