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LA OHANOINKSSi :. ) !» !»

iioiDesso conserve celle liaiuliise (rallurcel celte verdeur tJ’ilulcpeiKlarico. l’Ius lard, elle prend le nMe de sa nihc, el se Irauslorine en dévole ; mais ce n’esl pas loul ii coup el sans Iransition que s’opère celle iiiélaniorpliose. In mécompte qu’elle suhil lui r.iil (l’al)ord lever les yeux an ciel : les dédains d’un amant la jettent dans la prière ; ralTaililissenieiit de ses charmes lui rappelle sou saint. Chaque jour elle consulte son uiiroir, pour savoir s’il faut se conserver au monde on s’al)and(uiner à Dieu. Une ride imperceptible au Iront la fait {lémir sur ses péchés ; une ligne équivoque sur la joue ranime sa ferveur ; un cheveu blanc la ferait prosterner la face conlre terre. I.a «race commence a opérer.

Il se fait alors des modilicalions dans le personnel des habitués et daus la physionomie générale de la maison. Les jeunes fous s’aperçoivent que leur verve bruyante n’est plus de saison, et s’éclipsent l’un «près l’autre. Amélie dit et fait moins de naïvetés ; le maître d’holel prend nu air grave ; la femme de chambre, un air réservé. Souvent le matin, lorsque la chanoinesse, enfermée daus son boudoir, fait des frais de dévotion et de toilette, on voit furtiveiueut se glisser a travers les salons une sœur quêteuse, qui vient, au nom de son couvent, prohterdes heureuses dispositions de cette sœur convei’lie ; car, dans le monde dévot, les nouvelles circulent vite. Cependant le démon triomphe encore : avec ses douces joies et ses aimables séductions, il est toujours niailre du cœur ; l’extérieur seul appartient au ciel. Il y a partage, il y a balance de pouvoirs.

Cette espèce de compromis entre Dieu et le monde ajoute encoie a l’éqiiivocpie de sa position. Ln matin (c’était le lundi gias), la chanoinesse, nonchalamment étendue sur son lit, discutait avec Amélie les préparatifs d’un bal masqué, oii les deux amies devaient furtivement se rendre le soir même. « Eh, mon Dieu ! ma chère, s’écrie la chanoinesse, voilà onze heures qui sonnent, et madame Leroy qui m’avait promis de ni’apporter ma robe avant dix heures ! Prenez vile la plume, il n’y a pas de tem|)s à perdre, «i Amélie s’installe daus la ruelle pour écrire l’importante dépêche d’où dépendent les plaisirs de la soirée. Au même instant la porte s’ouvre, et une voix nasillarde fait entendre ces mots : « Que Dieu conserve madame la comtesse ! u La chanoinesse. — Ah ! c’est vous, sœur Thérèse ; comment vont nos bonnes ursulines, et notre digne abbesse ? (Bas n Amélie. ) Écrivez, ma chère, écrivez. La sœur. — Madame la comtesse nous fait trop d’honneur ; toutes nos chères breliis vont à merveille. Il n’y a qu’une chose ()ui nous chagrine.. . La CHANOiKEssE. — Oui, je comprends ; le monde est aujourd’hui si corrompu, que la charité, cette première des vertus chrétiennes, s’éteint dans tous les cœurs. {Bas à Amélie. ) Hecommandez-lui bien le point de Bruxelles qui doit garnir la gorgerette. — Ma sœur, le nombre loujouis décroissant des âmes charitables rend bien difficile la tâche des vrais fidèles.

La SŒun. — Ah ! madame la comtesse ! l’on semble oublier partout les saints piéceptes de l’Évangile : nous avons beau frapper, l’on ne nous ouvre pas, nous cherchons et nous ne trouvons pas.

La chanoinesse. — Ma sœur, nous vivons dans un temps de ciuelles épreuves. ( fias à Aiiiélic.} C’est uu costume de châtelaine. — Courbons la tête deant les décrets