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l’aide d’une iinilation plus ou moins ingénieuse sont la pei lo des nonniees el l’écueil de l’allaiteinenl. Parvenue h l’élat de professeur, elle donne la main :iux célébrités médicales de son époque ; son auditoire n’est composé que de femmes, comme jadis les mystères de la bonne déesse. Elle n’en est pas moins placée à l’apogée de la science ; son nom fait autorité. Iille a un éditeur, mais un éditeur scientifique, lille applique le forceps avec autant de sang-froid que d’autres en meltentà broder une écliarpe ou à donner le jour a une paire de bas. On sait que la Faculté a refusé récemtiicntun diplôme de médecin ’a une femme qui en élait digne sous Ions les rapports. Le docte corps a craint peut-être les rivalités, et l’influence d’un si noble exemple sur les destinées de la médecine. Ce fait paraît bizarre, il est simplement, selon l’expression vulgaire, renouvelé des Crées. L’aréopage, ayant remaiqié que les connaissances médicales se répandaient beaucoup trop parmi les femmes, proscrivit les accoucheuses. Le préjugé de la sage-femme était tellemeni enraciné chez les dames d’Atlicnes, qu’elles aimaient mieux mourir (]ue d’être acconcliées par des hommes. Agnodice porta l’amour de son art jusqu’à se déguiser en homme el à venir en aide à son sexe sous le costume d’un Athénien. L’androgyne naquit d’un arrêt draconien de l’aiéopage. Agnodice, convaincue d’avoir pratiqué l’accouchement en dépit de l’aréopage, fut condamnée à mort, l-^lle obtint sa grâce ’a la piière des Athéniennes les plus distinguées. Le tribunal efil mieux fait peut-être, en matière d’accouchements, de se déclarer incompétent.

On permet a la sage-femme d’être professeur dans sa spécialité, et même d’envoyer des élèves dans les départements ; celles qui ont exercé sous ses yeux el sous sa main n’oublient pas de le mentionner sur leur enseigne.

Le rôle de la sage-femme, nous l’avons dit, n’est point borné aux pratiques vulgaires de l’accouchement : l’hygiène de son sexe la regarde spécialement : nommer la sage-femme, c’est nommer le médecin de toutes les maladies et de toutes les faiblesses de son sexe.

(Jiiand un enfant a vu le jour et qu’il est exempt de meccntiiim, la sage-lèmme n’est pas au bout de ses épreuves : il faut encore qu’elle le pare, qu’elle le festonne, qu’elle l’illustre ; heureusement les langes sont prêts ; elle a même sous la main les vêtements de celui qui, d’après ritche, est le roi de la création. Le petit béret de velours orné de rubans, la chemise de batiste, les fines broderies, tout cela passe par les mains de la sage-femme ; elle serait au désespoir qu’une autre qu’elle inaugurât le nouveau-né. Ainsi emmaillotté, ajusté et adonisé comme un Amour de Watleau, elle le présente a la famille, (|ui est forcée d’avouer qu’après ce Cupiclitn lui-même, ce (Mi’il y a de plus admirable au monde, c’est la sage-femme II. Roux.