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que la sa ;;e-reininft esl si discrèle. cl qu en tmil olal de cause un liuiumc liclie est toujours un homme a ménager.

Miiis il ne sullil pas (|u’nne safiC-feninie jouisse d’une conlianee illimitée el soil avaiilajieusement connue de joules celles ((ui désirent ne lui eonlier que ce ((u elles veulent cédera d’autres, il faut encore prévenir les coulidences, entretenir dis relations avec les scandales (jui n’eu sont pas encore. Paris esl un asile précieux pour la province, de même que la campagne esl nn séjour disci et pour les accidents de la vie parisienne. Ce refuge de l’innocence ne mérite ce nom qu’autant qu’il la procure aux personnes qui d’aventure l’auraienl perdue par imprudence. La sage-femme qui lient pension jette ses lilets dans les Piiilcs-Affultes, sous forme de réclames modestes. On neilemande rien aux personnes en état de domesticité que leurs services à terme ; il n’est pas inutile de se présenter, toutefois, sans avoir quelques économies. Il suffit que la sage-femme ait donné son adresse sous une forme philanthropique pour que les intéressées viennent d’elles-mêmes faire appel h ses connaissances pratiques. On ne se connaît pas dans son établissement. Les femmes ont un nom quelconque ; les roturières sont vicomtesses ; les femmes titrées s’appellent Louise on Sérapliine ; celles qui viennent des confins les plus reculés des départements ont une position dans la capitale ; les autres sont destinées ’a s’éloigner de Paris. Presque toutes ont leurs époux dans quelque île de la mer du Sud. Elles feignent d’ajouter foi aux paroles les unes des autres, afin de n’être pas interrogées Sa maison est, au reste, une l’hébaîde ; elle reste au fond d’une vaste cour, elle a pour portier un sourd et muet ; toutes ses fenêtres ont des abat-jour. Il faut montrer patte blanche pour être reçu dans son gynécée. La recherche de la maternité y est sévèrement interdite, l’homme en est banni a perpétuité.

S’il est une profession où la considération soit toute personnelle, c’est surtout celle de sage-femme. La sage-femme qui, outre les vertus de son sexe, possède les connaissances de sa profession, ne tarde pas "a jouir dans son quartier même d’une réputation irréprochable et d un honnête revenu. Sa clientèle lui a coûté quelques sacrifices d’amour-propre ; il a fallu se mettre bien avec les portières, ne pas s’aliéner par une dignité compromell.inle les bonnes grâces des garde-malades, satisfaire par . des visitesréitérées anxexigencesde la petite propriété. Il y a telle de ses clientes qui accouche vingt fois avant de mettre un enfant au monde. Pour peu qu’elle devienne en vogue, la sage-femme n’a plus un instant a elle. Les enfanis font expiés de voir le jour ’a minuit. Elle allait se mettre "a table, on vient la chercher pour une grosse marchande ; heureusement elle a des garanties et la commère en est à son quinzième : ils sont tous venus de la même manière ; en fait d’accouchements, il n’y a que le premier pas (|ui coûte.

Tout cela esl plus on moins vulgaire ; mais tout cela existe el compose les scènes les plus iuléressantes de la vie privée. Beaucoup d’enfants attachent une grande importance à venir au monde. Des hommes de génie peuvenl passer par les mains de la sage-femme sans qu’elle s’en aperçoive. Sa profession esl une loterie. Ce n’est pas tout pourtant de procédera un accouchement, il faut encore savoir quand un enfant existe, le prophétiser, si l’on ne peut faire plus, interpréter sou sexe.